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Cinq expressions très françaises dont raffolent les Anglais

Nick Briggs/Rue des Archives/BCA

«Femme fatale», «pot-pourri»… La légende raconte qu’ils nous ont emprunté le «french kiss». Mais aussi, de nombreuses autres formules. Florilège

La “lune de miel” est une expression… anglaise. En effet, elle vient de “honeymoon”, écrit Delphine Gaston dans son ouvrage Nos 500 expressions populaires préférées. La lune renverrait à la “lunaison”, à savoir le mois lunaire (une période d’environ 29 jours). “S’agissant de jeunes mariés, ce mois qui suit l’échange des vœux est censé être le plus heureux et propice au voyage (aux noces)”. Et le “miel”? Il viendrait des pharaons qui vivaient de l’eau et du miel fermenté pendant le mois suivant les noces. La raison? “Rendre fertile et de favoriser la procréation de petits mâles”.

Tout comme nous avons emprunté les expressions de nos amis anglophones, eux aussi ont piqué quelques-unes de nos formules. Florilège.

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● Pot-pourri

Il figure dans les colonnes du Oxford Dictionary. “Pot-pourri”: “a mixture or medley of things”. Comprendre, au sens littéral comme au figuré, “un mélange hétérogène de différents ingrédients”. Mais d’où vient cette étrange formule? Comme le rapporte Georges Planelles dans son ouvrage Les 1001 expressions préférées des Français, “de nos jours, le terme est très loin d’être flatteur puisqu’il désigne des choses peu ragoûtantes, extrêmement dégradées et même décomposées”. Sachez cependant qu’il n’a pas toujours eu ce sens.

Le mot apparaît en 1564, sous la plume de Rabelais. Il désigne alors un ragoût “comprenant plusieurs sortes de viandes et de légumes mélangés”, déversé dans un “pot”. Qu’en est-il du “pourri”? Au XVIe siècle, “étaient pourris les aliments très ramollis et éclatés à la suite d’un excès de cuisson”. Ce qui était le cas des ingrédients du ragoût. Ce n’est qu’au début du XIXe siècle qu’un “pot-pourri” caractérise une “musique composée de morceaux issus de sources différentes”.

● Amuse-bouche

Ou amuse-gueule. En bons gastronomes que nous sommes, nous avons inventé un charmant assemblage de mots pour désigner “un petit mets sucré ou plus généralement salé servi en dehors des repas et destiné à tromper la faim”. Il est généralement servi avant un repas ou au cours d’une réception. Comme on peut le lire sur le site du CNRTL, un “amuse-gueule” est également “toute chose de peu d’importance ou de peu de valeur”. Le dictionnaire de l’Académie française note que le terme apparaît au XIXe siècle et est composé d’ “amuse”, forme verbale d’amuser” et de “gueule”. Précisons que ce dernier est né au Xe siècle sous la forme de gola, issu du latin gula, “gorge, gosier; bouche, palais”.

● Ménage à trois

Les Anglais nous ont volé le “french kiss” mais aussi, le “ménage à trois” à savoir la “cohabitation de trois personnes (le mari, la femme, l’amant ou la maîtresse), note Le Trésor de la langue française. L’expression apparaît au XIXe siècle et est popularisée grâce au roman d’Emile Zola, Germinal. “Ils s’égayaient ainsi du ménage à trois des voisins, un haveur qui logeait un ouvrier de la coupe à terre, ce qui donnait à la femme deux hommes, l’un de nuit, l’autre de jour.” Voilà qui est dit.

● Femme fatale

Restons dans le thème un instant et revenons sur l’expression “femme fatale” qui a, elle aussi, voyagé au-delà de nos frontières. Comme l’explique Le Trésor de la langue française, une telle femme est “envoyée par le destin pour perdre ou, plus communément, séduire ceux qui l’approchent”. On la trouvait déjà dans la littérature du XIXe siècle. “Comme elle exprime bien la cruauté douce des femmes fatales”, écrit Gautier à propos de la Salomé de Luini dans son ouvrage Guide Louvre.

● Un billet doux

Selon le dictionnaire de Cambridge, un “billet doux” est “a love letter”, une lettre d’amour. L’expression est sans doute plus élégante que son aïeul, “envoyer un poulet”. Comme l’écrit Georges Planelles, un “poulet” désigne depuis le milieu du XVIe siècle une “missive”, une “lettre”, au sens figuré. À l’époque, un dit un “poullaict”. C’est plus tard qu’il prit le sens de “billet galant”. Comment expliquer une telle mutation? Voici l’une des théories avancées: “ceux qui étaient chargés de remettre le billet doux au destinataire, portaient des poulets sous prétexte de les vendre, mais en dissimulant le fameux billet sous l’aile de l’une d’entre eux”. Pourtant, selon Furetière, “on a ainsi nommé ces billets parce que, en les pliants, on y faisait deux pointes qui représentaient les ailes d’un poulet”. Une origine qu’on peut également lire dans L’école des maris par Molière, lorsqu’Isabelle lance à Sganarelle:

«J’ai vu dans ce détour un jeune homme paraître,

Qui d’abord, de la part de cet impertinent,

Est venu me donner un bonjour surprenant,

Et m’a droit dans ma chambre une boîte jetée

Qui renferme une lettre en poulet cachetée.»

Cinq expressions très françaises dont raffolent les Anglais

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59 commentaires
  • reine-mère

    le

    Et n'oublions pas le fréquemment utilisé outre-Manche "Rendez-vous".

  • Booz

    le

    Il y a aussi une belle expression française très prisée dans certains milieux c'est: "Noblesse oblige" . Oscar Wilde l'utilise sans Le Fantôme de Canterville et le Portrait de Dorian Gray, si j'ai bonne mémoire.

  • Francine Sidler

    le

    Pour avoir "pratiqué" les anglo-saxons pendant près de 50 ans, je peux affirmer que la liste des idiomes français en usage chez eux est longue.

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