Jakarta s'enfonce. La capitale de l'Indonésie qui subit déjà la surpopulation et les embouteillages, est la cible de catastrophes naturelles renforcées par le réchauffement climatique. D'où la volonté de son président de déplacer la capitale en dehors de l'île de Java. Mais les critiques fusent : mieux vaut résoudre le problème que de le déplacer.

Va-t-il falloir réapprendre le nom des capitales du monde entier ? Joko Widodo, président de l’Indonésie, a annoncé vouloir transférer la capitale du pays, Jakarta, en dehors de l’île de Java. En cause, la surpopulation, les embouteillages monstres, les risques sismiques, mais surtout les tsunamis et les inondations qui se multiplient à cause du réchauffement climatique.
"Si nous examinons nos modèles, d’ici 2050, environ 95 % du nord de Jakarta sera submergé", estimait en août 2018 Heri Andreas, un expert de l’affaissement des terres dans une enquête de la BBC. Le quartier nord de Jakarta se serait déjà enfoncé de 2,5 mètres en dix ans. Dans certaines régions, les spécialistes notent un affaissement allant jusqu’à 25 cm par an. "C’est le double de la moyenne mondiale des mégalopoles côtières", souligne la BBC. Au total, 40 % de la surface de la ville se situe en dessous du niveau de la mer.
Si le réchauffement climatique aggrave la situation, l’affaissement est aussi provoqué par le développement urbain de la ville. "Le pompage des nappes phréatiques est sans précédent pour une ville de cette taille", atteste à Reuters Fook Chuan Eng, spécialiste à la Banque mondiale, "Les gens creusent de plus en plus profond, le sol s’effondre". 
La Malaisie et le Bélize ont déjà déplacé leur capitale
Ce n’est pas la première fois que le Président indonésien fait part de sa volonté de changement de capitale, sans avoir officiellement désigné l’heureuse élue. La presse locale évoque la ville de Palangkaray comme future cœur du pays. Mais les suggestions sont ouvertes. Sur son compte Instagram, Joko Widodo a invité les Indonésiens à choisir la ville qu’ils préféraient.
Cela a déjà eu lieu dans d’autres pays. En 1999, la Malaisie a ainsi déplacé sa capitale à Putrajaya, au détriment de Kuala Lumpur devenue irrespirable à cause de la pollution. En 1970, nous rappelle France Inter, c’est le Belize qui change de capitale pour s’installer à Belmopan, ville moins ciblée par des aléas climatiques que Belize City. L’ancienne capitale a en effet été ravagée par un ouragan en 1961.
Résoudre le problème plutôt que l’éviter
Mais ces changements ne font pas toujours l’unanimité. En Indonésie, la relocalisation de la capitale pourrait coûter jusqu’à 33 milliards de dollars et s’étendre sur dix années. "Vous ne résolvez pas un problème en le déplaçant", a déclaré au Guardian Elisa Sutanudjaja, directrice du Centre d’études urbaines de Rujak. "Jakarta est assez similaire à Tokyo dans les années 1960, avec ses affaissements de terres, ses inondations, ses catastrophes naturelles et son surpeuplement. Si vous voulez vraiment vous attaquer au problème, ils doivent le résoudre et non le déplacer."
L’adaptation au changement climatique est une donnée encore trop peu prise en compte par les villes. Selon une nouvelle étude de l’organisation CDP, seulement la moitié des 630 villes étudiées ont un plan climat adapté et 7 % une politique climatique ambitieuse. Paris fait figure de très bonne élève grâce à son objectif de neutralité carbone d’ici à 2050. 
Marina Fabre, @fabre_marina

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