“Ce qui s’est passé hier après-midi à Milan est un énième exemple de l’instrumentalisation religieuse servant à justifier la violation systématique des droits de l’homme dans notre pays.” Pour l’hebdomadaire catholique Famiglia Cristiana, le geste de Matteo Salvini lors de son discours à Milan, samedi 18 mai 2019, devant ses alliés souverainistes, est scandaleux. Le ministre de l’Intérieur a cité, en conclusion de sa prise de parole, la Vierge Marie, chapelet à la main, étant “sûr qu’elle [les] portera à la victoire”.

Discours anti-migrants

La presse catholique italienne a vite réagi au geste de Salvini. Avvenire rappelle que “le chef de la Ligue ne perd pas une occasion d’instrumentaliser son chapelet pour défendre ses idées” et assurer leur triomphe lors des prochaines élections européennes. Alors même que le vice-Président du conseil a aussi ciblé le pape, poursuit le journal catholique, lui reprochant sa vision de l’accueil des migrants sur les côtes italiennes.

L’invocation de la Vierge a fait suite à une succession de discours anti-islam et antimigrants de plusieurs leaders souverainistes, louant la politique du vice-président du Conseil. “Notre politique de solidarité basée sur le mérite a fait baisser le nombre de noyés au fond de la mer Méditerranée. Nous sauvons des vies”, s’est enorgueilli Matteo Salvini.

L’Église catholique s’insurge

“Ce sont des paroles inacceptables”, estime Massimo Biancalani, prêtre toscan de Vicofaro, cité par le journal de droite Il Giornale qui annonce, provocateur : “Un prêtre ‘excommunie’ le vice-Premier ministre Matteo Salvini”. Le prêtre poursuit :

[Surtout] de la part d’un ministre dont l’action est totalement en contraste avec l’Évangile, avec la Vierge Marie et, de manière générale, avec les enseignements de l’Église catholique. C’est une instrumentalisation inopportune.”

Le secrétaire d’État du Saint-Siège, Pietro Parolin, a aussi lancé un message clair au vice-président du Conseil en lui rappelant qu’“invoquer Dieu pour soi-même est souvent très dangereux”, raconte Il Giornale dans un second article.

A l’inverse, l’éditorialiste du quotidien de droite réfute toute polémique et titre: “Pauvre Eglise: oui à Allah, non à la vierge Marie”. Pour lui, “ni le Cardinal Parolin, ni Famiglia Cristiana, ni Civilità Cattolica ne sont propriétaires de la vierge Marie, de son fils et de son père, Dieu.”

Cette polémique survient au moment même où quarante-sept migrants ont pu débarquer à Lampedusa sur décision d’un procureur sicilien, contre l’avis du ministre de l’Intérieur.