Philosophie du sommeil et de la veille : épisode • 1/4 du podcast Faisons un rêve...

Philosophie du sommeil et de la veille (photo de 1946) ©Getty - Daily Mirror/Mirrorpix
Philosophie du sommeil et de la veille (photo de 1946) ©Getty - Daily Mirror/Mirrorpix
Philosophie du sommeil et de la veille (photo de 1946) ©Getty - Daily Mirror/Mirrorpix
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Dormir, veiller et rêver font partie de l'homme. Si le rêve est un objet de pensée analysé par la psychologie et la psychanalyse, peut-il devenir un objet philosophique ? Comment penser philosophiquement le rêve ?

Avec
  • Pierre Carrique Philosophe, membre de l’équipe de recherche doctorale de l’Université de Caen, professeur en classes préparatoires littéraires et économiques à Rouen, ex-directeur de programme au Collège international de philosophie

Rêver, ce n'est pas dormir. Le rêve n'est pas l'inverse de la veille, mais, selon les mots du philosophe Edmund Husserl, un "mode anormal de veille". Rêver, ce n'est pas fermer les yeux mais les ouvrir sur ce que, de jour, nous cherchons à fuir, ou n'osons pas avouer.
Surtout, rêver, c'est ce que nous faisons dès le départ, avant même de naître au monde, tant l'alternance de la veille et du sommeil est constitutive de la genèse embryonnaire.
Et pourtant, nous ne pensons pas aux rêves... On les raconte, parfois, quand ils sont drôles, insensés, nous hantent... Mais on s'arrange pour les ranger du côté nocturne de notre vie.
Que se passerait-il si les rêves venaient occuper le devant de la scène ? S'ils venaient occuper, aux côtés de la raison, la place de choix qui leur revient, y compris en philosophie ?

L'invité du jour :

Pierre Carrique, philosophe, membre de l’équipe de recherche doctorale de l’Université de Caen, professeur en classes préparatoires littéraires et économiques à Rouen, ex-directeur de programme au Collège international de philosophie

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En savoir plus : Anne Dufourmantelle
Du jour au lendemain
35 min

Paradoxes du rêve

Le rêve est repérable au moment où les difficultés doctrinales s’aiguisent, on le trouve chez Platon à propos de la vérité, où il est à la fois le milieu entre être et non être dans lequel roule l’ensemble des opinions et c’est aussi dans une page magnifique du neuvième livre de "La République" l’espace où on touche le plus au vrai.      
Il y a une dimension paradoxale du rêve, et le paradoxe est la matière même de la réflexion philosophique… Le premier paradoxe c’est celui que pointe Lacan, biologique, la combinaison d’un état d’éveil (pour rêver il faut être éveillé) et d’un état de sommeil (pour rêver il faut dormir). Il y a aussi un paradoxe métaphysique du rêve : c’est un état d’éveil, d’attention à ce qui nous entoure, un état de vigilance à l’égard de ce à quoi nous sommes présents et simultanément c’est l’absorption par une dimension à la remorque de laquelle nous sommes en proie quand nous rêvons…      
Pierre Carrique

Textes lus par Georges Claisse :

  • Extrait du Précis de décomposition de Cioran, Chapitre Surmenage par les rêves, éditions Gallimard, 1949
  • Extrait de La République de Platon, Livre IX, dans les Oeuvres complètes (traduction Georges Leroux), éditions Flammarion

Sons diffusés :

  • Chanson de Il était une fois, J'ai encore rêvé d'elle
  • Musique de Gustav Holst, The Planets Neptune The Mystic
  • Extrait du film La Cité des enfants perdus, de Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro, 1995
  • Extrait du film Huit et demi, de Federico Fellini, 1963
  • Extrait du film Faisons un rêve, de Sacha Guitry, 1936
  • Chanson de Randy Newman, Last Night I Had A Dream

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