Manuel Valls est prévenu : l’Europe n’entend pas accorder de nouveaux délais à la France pour qu’elle tienne ses objectifs budgétaires, et réforme son économie. Avant même la désignation du nouveau gouvernement – dans lequel Michel Sapin devient ministre des finances et des comptes publics, et Arnaud Montebourg, ministre de l’économie, du redressement productif et du numérique –, les responsables européens ont lancé une série d’avertissements au nouveau premier ministre de François Hollande, en marge d’une réunion de ministre des finances à Athènes.
Pierre Moscovici, le ministre sortant de l’économie, était absent pour cause de remaniement à Paris. Mais Olli Rehn, le commissaire chargé des affaires économiques et monétaires, ne s’est pas gêné pour recadrer par avance tout changement de ligne économique. Souhaitant « rafraîchir les mémoires », il a rappelé que le délai accordé à Paris pour tenir ses engagements budgétaires européens avait déjà « été prolongé deux fois ».
« J’ai hâte de recevoir le programme de stabilité et de réformes » de la France d’ici à la mi-avril, a-t-il dit, jugeant « essentiel que le pays agisse de manière décisive pour assurer la soutenabilité de ses finances publiques à long terme, et pour résoudre les entraves bien connues à la compétitivité et à la croissance ». « La France est consciente de ses engagements, elle a déjà obtenu du temps et doit fournir davantage d’efforts », a renchéri à ses côtés Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe. Pour les deux hommes, Manuel Valls et son nouveau gouvernement doivent tout faire pour ramener le déficit public en deçà des 3 % du produit intérieur brut (PIB) d’ici à la fin 2015, comme convenu en juillet 2013 avec les autorités françaises.
« SURVEILLANCE RENFORCÉE »
Les responsables européens s’inquiètent de voir François Hollande lui-même caresser l’idée d’un nouveau délai, dans la feuille de route fixé lundi soir à son premier ministre : « Le gouvernement aura à convaincre l’Europe que cette contribution à la compétitivité, et à la croissance doit être prise en compte dans le respect de nos engagements », a plaidé le président de la République, dans son intervention télévisée lundi soir.
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