Accueil

Société Sciences et bioéthique
VIDEO - L'annonce de la reprise des soins de Vincent Lambert donne lieu à une liesse "obscène" des pro-vie
Les deux avocats des parents de Vincent Lambert ont exulté à l'annonce de la décision innatendue de la cour d'appel de Paris, parlant de "remontada".
KENZO TRIBOUILLARD / AFP

VIDEO - L'annonce de la reprise des soins de Vincent Lambert donne lieu à une liesse "obscène" des pro-vie

"Remontada"

Par

Publié le

La nouvelle de la décision de la cour d'appel de Paris ordonnant la reprise des soins de Vincent Lambert a fait l'objet, lundi 20 mai, d'une scène de liesse particulièrement déplacée des partisans du maintien en vie du tétraplégique. Elle a été célébrée telle une victoire lors d'un match de foot, les avocats parlant de "remontada"...

"On a gagné ! On a gagné !" Applaudissements, cris, héros portés en triomphe, les bras levés au ciel : il ne s'agit pas de l'issue heureuse d'un match de foot, mais d'une manifestation des "pro-vie" opposés à l'arrêt des soins portés à Vincent Lambert. Les partisans du maintien en vie du tétraplégique, réunis lundi 20 mai au soir pour protester contre l'arrêt, le matin même, de l’alimentation et de l’hydratation artificielles du patient, ont laissé éclater leur joie à l'annonce, par l'un des avocats des parents de Vincent Lambert, de la décision inattendue de la cour d'appel de Paris ordonnant la reprise du traitement. La scène a été filmée par le journaliste Rémy Buisine :

"C'est une extraordinaire victoire, qui confirme ce que nous disions : que la France est obligée d'appliquer les dispositions de la Convention sur les Droits des Personnes Handicapées (CDPH). C'est donc une grande victoire, ce n'est que la première des victoires. C'est la remontada !", a exulté devant les caméras Jean Paillot, avocat des parents de Vincent Lambert, opposés à l'arrêt des soins. La "remontada", terme popularisé depuis la défaite du Paris-Saint-Germain face au FC Barcelone en 2017, fait référence au renversement de situation d'une équipe en très mauvaise posture. "C'était dans l'enthousiasme, et du fait de ma culture footballistisque... Ce n'était pas un mot adapté", a reconnu Jean Paillot ce mardi matin sur RMC.

"L'explosion, la clameur qui a jailli, ne fait que manifester le soulagement qui est celui de tous, de tous ceux qui défendent Vincent, et qui défendent derrière Vincent toutes les personnes vulnérables et sans défense", a expliqué Jérôme Triomphe, l'autre avocat des parents de Vincent Lambert. Des images de liesse "complètement obscènes", a déploré sur BFMTV François Lambert, neveu de Vincent, qui dénonce le "sadisme pur" de cette décision de justice.

Alors que, sur les Champs-Elysées, quelques centaines de manifestants défilaient en scandant "la vie pour Vincent", la cour d’appel de Paris a "ordonné à l’Etat français (...) de prendre toutes les mesures aux fins de faire respecter les mesures provisoires demandées par le Comité international des droits des personnes handicapées le 3 mai 2019 tendant au maintien de l’alimentation et l’hydratation" du patient de 42 ans, en état végétatif depuis 2008.

"Obstination déraisonnable"

Le comité de la Convention sur les Droits des Personnes Handicapées (CDPH), lié à l’ONU, avait demandé à la France de surseoir à l’arrêt des traitements dans l’attente d’un examen du dossier sur le fond, mais la France considérait que cette demande était "dépourvue de caractère contraignant", mettant en avant le "droit du patient à ne pas subir d’obstination déraisonnable".

Le CHRU de Reims avait déjà lancé puis stoppé deux procédures d’arrêt des soins, l’une portée par le docteur Eric Kariger en 2013, l’autre par son successeur, le docteur Daniéla Simon en 2015. La nouvelle interruption des traitements, couplée à la mise en œuvre d’une "sédation profonde et continue", avait débuté lundi matin, conformément à une décision médicale signée par le docteur Vincent Sanchez en avril 2018, soutenue par une partie de la famille dont son épouse Rachel Lambert et validée par le Conseil d’Etat fin avril.

Jusqu’à présent, tous les recours déposés par les avocats des parents – Cour européenne des droits de l’Homme, tribunal administratif – avaient échoué. Et le président Emmanuel Macron, à qui ils avaient écrit samedi pour l’implorer d’intervenir, avait répondu lundi qu’il ne lui "appartenait pas de suspendre" l’arrêt des traitements, décidé "en conformité avec nos lois

". La décision de la cour d'appel était donc complètement inattendue. Les avocats des parents de Vincent Lambert se sont rendus ce mardi au centre hospitalier de Reims pour vérifier la reprise des traitements.

Votre abonnement nous engage

En vous abonnant, vous soutenez le projet de la rédaction de Marianne : un journalisme libre, ni partisan, ni pactisant, toujours engagé ; un journalisme à la fois critique et force de proposition.

Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne