Si le timing de l’entretien accordé lundi par Emmanuel Macron n’a évidemment rien d’anodin à moins d’une semaine des élections européennes, la rédaction du groupe Nice-Matin a considéré que cette prise de parole présidentielle constituait un fait politique majeur, à l’image par exemple de la participation de Nicolas Sarkozy à deux meetings à Nîmes et Berlin à la veille du même scrutin en 2009.
En nous rendant à l’Elysée en compagnie de huit confrères représentant une quarantaine de titres de PQR, nous avons accepté la seule règle fixée : faire relire cette interview par l’Elysée. Si la presse nationale accède généralement à ce type de demande, les titres régionaux sont beaucoup plus réticents. Le groupe Nice-Matin a ainsi refusé systématiquement toute relecture de la part des têtes de liste aux européennes, ce qui a d’ailleurs failli faire capoter une rencontre-lecteurs avec l’un d’entre-eux. Pourquoi, dès lors, faire une exception pour Emmanuel Macron ? Parce qu’un Président, dont chaque mot est scruté, notamment sur la scène internationale, et dont la pensée peut parfois se révéler complexe, n’est pas tout à fait un politique comme un autre.
La configuration collective de cette interview a aussi pesé sur notre décision. Comment imaginer une seule seconde que neuf journalistes auraient laissé sans broncher leur interview (au cours de laquelle toutes les questions ont bien entendu pu être posées) être vidée de sa substance par le service de presse de l’Elysée ? Celui-ci a certes apporté quelques corrections de détail (un "si besoin" rajouté par-ci, une répétition enlevée par là), mais aucun élément essentiel n’a été modifié ou supprimé.
Aucun ? Si. Une expression, "cache-sexe", au sujet de la lâcheté de certains dirigeants, a été remplacée au moment de la relecture par une formule plus policée. Et bien, figurez-vous que cette expression employée par le président et que nous jugions adaptée, nous avons décidé de la conserver dans la version publiée. Des vrais rebelles.
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