Être transgenre : un combat du quotidien pour fuir les violences transphobes

Julia, victime d'une agression à Paris le 31 mars.  ©Radio France - Maud Calvès
Julia, victime d'une agression à Paris le 31 mars. ©Radio France - Maud Calvès
Julia, victime d'une agression à Paris le 31 mars. ©Radio France - Maud Calvès
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Insultes, crachats, violences physiques... 85% des personnes transgenres en sont victimes. Après le meurtre de Vanessa Campos en août dernier et la diffusion de la vidéo de l'agression de Julia, militants et transgenres espèrent rendre visible cette réalité.

Entre 2016 et 2017, le nombre de signalements d'agressions de personnes transgenres auprès de l'association SOS Homophobie a augmenté de 53%. Les victimes qui appellent la plateforme dénoncent en majorité des menaces, puis des agressions physiques, perpétrés principalement par des hommes. Mais il y a également les insultes, la discrimination. Pour 47% de ces appels, il s'agit de personnes âgées entre 20 et 25 ans, 9% sont des adolescents.

Dans le même temps, les personnes transgenres adaptent leurs quotidiens pour éviter de servir de défouloir. Sous le fond de teint, Victoire cache un hématome. Elle privilégie le bus à la marche, "sinon je suis une cible mouvante." Lorsque plusieurs hommes agressent Julia le 31 mars place de la République à Paris, elle s'y attendait : "On m'avait prévenue, je m'y préparais. Pour le coup j'ai de la chance que ça ait été filmé. Je pense que ça peut faire avancer les choses." La jeune femme dépose plainte, l'un de ses agresseurs vient d'être interpellé. 

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La justice réagit

Le 6 avril, la Chancellerie fait passer une circulaire auprès des parquets afin qu'une meilleure prise en compte des victimes transgenres soit effectuée, dès le dépôt de plainte. Une démarche souvent délicate pour ces souffre-douleur.

Les associations bataillent pour convaincre les victimes de franchir la porte du commissariat. "C'est un traumatisme pour toute la communauté LGBT. On est pris pour des clowns" estime Lyès Alouane, coordinateur Ile-de-France de Stop Homophobie.

 

Infographie publiée en mai 2018
Infographie publiée en mai 2018
© Visactu

La mairie du Xème arrondissement de Paris teste, depuis le 20 mars, une mise en lien entre associations, commissariats et préfectures afin de faciliter les dépôts de plaintes. "Ça fait une grande différence pour une personne accompagnée de quelqu'un de bienveillant et bien documenté. Elle arrive au commissariat en sachant à qui s'adresser et de quelle manière présenter les faits, ça permet une prise en charge beaucoup plus efficace" explique Alexandra Cordebard, maire du Xe arrondissement de Paris.

Depuis 1992, les personnes transgenres peuvent demander une modification de la mention de leurs sexes sur leurs pièces d'identité. Il faut alors justifier de traitements médicaux ou d'opérations chirurgicales. La loi de modernisation de la justice de 2016, rend caduques ces obligations mais cette décision reste soumise à la décision d'un juge de tribunal de grande instance. Il faut donc que les demandeurs prouvent, témoignages de proches à l'appui, que le sexe avec lequel ils sont nés ne leur correspond pas. Depuis la circulaire du 20 avril 2017,  les agressions en raison de l'identité de genre sont considérées comme une circonstance aggravante. 

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