Une ONG alerte la France sur l'invasion des fake news autour de la crise des “gilets jaunes”

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Une ONG alerte la France sur l'invasion des fake news autour de la crise des “gilets jaunes”

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Les fausses informations circulant via Facebook au sein du mouvement des "gilets jaunes" ont été vues plus de 100 millions de fois, selon une étude publiée mercredi par l'ONG Avaaz.
Les fausses informations circulant via Facebook au sein du mouvement des "gilets jaunes" ont été vues plus de 100 millions de fois, selon une étude publiée mercredi par l'ONG Avaaz.
© Getty - Stuart Kinlough

L'ONG Avaaz, qui mène des actions de cybermilitantisme, signale dans un rapport alarmant un mouvement de désinformation sans précédent à l'occasion de la crise des “gilets jaunes” en France. De novembre 2018 à mars 2019, elle a recensé 105 millions de vues sur Facebook pour une centaine de fausses nouvelles.

La recherche a été effectuée par une équipe de journalistes d'investigation, chercheurs et analystes de données de l'ONG Avaaz. L'organisation a pris en compte 100 fausses nouvelles qui ont circulé chez les “gilets jaunes” et repérées comme étant fausses par les médias ou les autorités françaises. Ainsi, de novembre 2018 à mars 2019, l'organisation estime que ces fake-news ont été vues 105 millions de fois, partagées 4 millions de fois. "Un phénomène d'une ampleur sans précédent", dit le collectif. Il souligne par ailleurs l'importance de l'influence du média russe RT France.

“Une menace sérieuse pour la démocratie”

Les réponses de Facebook et d’autres plateformes à la désinformation en Europe sont inefficaces et présentent une menace sérieuse contre un discours public sain et la stabilité démocratique, notamment à la lumière des prochaines élections européennes en mai. Il y a urgence" dit Avaaz. 

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Le rapport étudie notamment trois exemples et les détaille. 

  • Premier exemple : des images de manifestants blessés gravement par la police et que le gouvernement aurait cachées au public (3 511 456 vues). En réalité les photos étudiées avaient été prises lors de manifestations en Catalogne ou près de Madrid. 
  • Exemple 2  : une vidéo du président Macron dansant au Moyen-Orient “alors que la France souffre”. En réalité la vidéo a été prise plus d'un mois avant, pendant le sommet pour la francophonie en Arménie (183 390 partages,  5 700 000 vues).
  • Exemple 3 : un post faisait état de la disparition d’une image montrant de très nombreux manifestants sur les Champs-Elysées et qui aurait été censurée sur les réseaux sociaux. Les vérificateurs du Monde ont démenti l’existence d’une censure, de la photo ou sa légende (toujours en ligne), pourtant la fausse information a été l'objet de près de 9 000 000 de vues et 349 403 clics ou partages. 

L'importance de l'audience de Russia Today en France 

Avaaz a également regardé de près ce qu'il se passe pour les 500 meilleurs scores sur Youtube concernant les “gilets jaunes” après septembre 2018. 

Sur ce terrain-là, RT France a largement dominé le débat sur les “gilets jaunes”. L'ONG basée aux États-Unis montre que RT France est la chaîne la plus consultée sur ce sujet, deux fois et demie plus que Le Monde, L’Obs, Le Huffington Post, Le Figaro et France 24 réunis.

Comment avoir un effet dissuasif sur les fausses nouvelles ?

Avaaz propose un dispositif qui pourrait avoir un effet dissuasif sur les fausses nouvelles, en exigeant que Facebook et d'autres plateformes travaillent avec des vérificateurs afin d’apporter des corrections à tous les utilisateurs qui ont été exposés à la désinformation.

L'ONG explique également avoir signalé plus de 500 pages et groupes suspects au réseau américain, qui sont suivis au total par près de 32 millions d'utilisateurs et qui ont généré plus de 67 millions d'interactions (commentaires, likes et partages) au cours des trois derniers mois.

Sur cette même période, les contenus liés à ces pages et groupes, qui visent souvent à attiser la haine envers les migrants ou à dénigrer Bruxelles, ont généré 533 millions de vues. Avaaz ajoute que Facebook a déjà procédé au retrait de 77 des pages et comptes qui lui ont été signalés (en avril ou en mai), “qui comptaient ensemble trois fois plus d'abonnés, 5,9 millions, que les six principaux partis européens d'extrême-droite ou anti-UE” (à savoir la Ligue, l'AfD, VOX, le Brexit Party, le RN et le PiS), qui en totalisent deux millions.

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