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Rebsamen, un fidèle de Hollande pour faire baisser le chômage

L'actuel sénateur maire de Dijon a lié depuis 1997 son destin à celui de François Hollande. Alors qu'il réclamait l'Intérieur, il se retrouve à l'Emploi…

François Hollande a choisi, pour la 2e étape de son quinquennat, de nommer rue de Grenelle son numéro deux pendant 10 ans au Parti socialiste. Une désignation politique... pas forcément dictée par ses compétences.

Après Michel Sapin pendant les 22 premiers mois du quinquennat Hollande, c'est à un autre (très) proche du chef de l'État, François Rebsamen, que revient aujourd'hui le maroquin du Travail, de l'Emploi et du Dialogue social. Le sénateur maire de Dijon -il a été réélu dimanche dernier avec 53 % des voix- se prédestinait plutôt à aller place Beauvau, comme ministre de l'Intérieur, un poste dont il rêve depuis deux ans et qui correspond plus à ses cordes et ses compétences. Spécialiste des questions de sécurité, il n'est en effet pas à proprement parler un expert des questions sociales, si ce n'est en tant que maire d'une ville moyenne de France.

Ce choix de l'envoyer rue de Grenelle s'explique avant tout par la nécessité de mettre un fidèle parmi les fidèles du président de la République pour gérer le dossier prioritaire de l'exécutif: l'emploi. «C'est un politique qui fait partie des poids lourds du Parti socialiste et des équilibres politiques nécessaires à respecter au sein d'une nouvelle équipe gouvernementale, commente Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de FO, qui l'aura comme interlocuteur au titre du dialogue social. Je ne le connais pas très bien mais je verrai à l'usage». Une sécurité donc pour le chef de l'État d'avoir un véritable ami, qui a lié il y a près de vingt ans son destin au sien, dans la place forte de la rue de Grenelle. «Ce n'est pas un mauvais choix, décrypte encore un ancien ministre de Nicolas Sarkozy. Rebsamen est un homme de dialogue et il n'a pas d'ambition derrière. Cette nomination est son bâton de maréchal. C'est aussi la preuve que la fidélité prime plus pour François Hollande que la compétence.»

«La progression du chômage est enfin stoppée»

Il faut dire que François Rebsamen - «Rebs» pour les intimes - n'a jamais manqué de fidélité au président de la République -dont il a été le numéro deux au PS pendant dix ans- depuis son élection en 2012. À la tête du groupe socialiste du Sénat depuis 2011, il a même mordicus défendu «l'inversion de la courbe» revendiquée par François Hollande et difficilement mise en œuvre par Michel Sapin au ministère du Travail. Ne disait-il pas ainsi, à la fin décembre 2013, que l'examen des chiffres sur plusieurs mois «confirme que la progression mensuelle, inéluctable, du chômage est enfin stoppée»... Et ce, au mépris des hausses qui se cumulaient.

Et l'ancien trotskiste de 62 ans, marié à une psychanalyste, de conclure alors: «L'inversion de la courbe du chômage est donc à notre portée, et l'engagement pris par le président de la République est proche de devenir une réalité.» On sait ce qu'il en a été depuis… Fin février, le nombre de chômeurs en catégorie A à Pôle emploi a progressé pour le 4e mois d'affilée (avec un bond surprise de + 31.500 inscrits sur un mois), battant un nouveau record à près de 3,35 millions de personnes!

Pas d'exclusive avec la CFDT

François Rebsamen va donc avoir du pain sur la planche au ministère du Travail. Sa mission? Parvenir, enfin, à inverser une courbe du chômage si récalcitrante à se retourner. «Cela va être son unique boulot, assure un député UMP. Comme Hollande a compris que les créations d'emploi ne viendraient que du pacte, il l'a nommé rue de Grenelle pour freiner la progression du chômage et jouer uniquement sur les curseurs du traitement social du chômage. L'un dans l'autre, le travail rétrograde sacrément dans la hiérarchie ministérielle et les priorités gouvernementales.»

François Rebsamen aura aussi à solidifier les modalités du «nouveau dialogue social à la française» cher aux yeux du chef de l'État. Il va donc devoir composer avec les partenaires sociaux sans donner l'impression, comme l'a fait son prédécesseur depuis mai 2012, de nouer une relation exclusive et privilégiée avec la seule CFDT de Laurent Berger. Une tâche qui, compte tenu de l'opposition de la CGT et de FO au pacte de responsabilité et aux 50 milliards d'euros d'économies annoncés, mais aussi de la pression constante que met sur l'exécutif le Medef de Pierre Gattaz, s'annonce donc des plus délicates. «Les grands accords paritaires sont derrière nous et la gestion du pacte est confiée à Sapin, à Bercy», nuance un ex-ministre de droite.

Cette nomination surprise est enfin une manière déguisée de rendre la monnaie de sa pièce à cet élu de terrain qui a combattu fortement la récente loi sur le cumul des mandats. Réélu dimanche maire et nommé mercredi ministre, François Rebsamen ne pourra pas gérer les deux postes, surtout vu la mission qui lui est confiée au gouvernement: faire baisser le chômage, un job à plein temps. Il a d'ailleurs prévu de s'adresser ce soir aux Dijonnais pour leur confirmer qu'il passe la main à son premier adjoint, Alain Millot. Sûrement à regrets…

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