Editorial
Vous hésitez encore ? Voici 5 bonnes raisons d’aller voter aux élections européennes
Dominique Nora
ÉDITO. La consolidation de la maison Europe est une urgence historique. Avec un taux d’abstention attendu de près de 60 %, mettre un bulletin dans l’urne, ce dimanche 26 mai, est plus que jamais un devoir citoyen.
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Vous n’êtes pas motivé par ce scrutin européen ? Il faut quand même y participer. Certes, il y a trop de listes : à 34, on frise le ridicule. Certes, cette campagne est assez lamentable : au lieu de parler des vrais sujets, les leaders de chaque camp se livrent à de mauvais jeux de rôle franco-français… quand ils ne se lancent pas des boules puantes ! Certes, la gouvernance de l’UE est pleine de défauts : tatillonne, bureaucratique et peu à l’écoute de ses citoyens.
Mais c’est justement pour corriger cela qu’il faut se mobiliser. Avec un taux d’abstention attendu de près de 60 %, mettre un bulletin dans l’urne, dimanche 26 mai, est plus que jamais un devoir citoyen. Vous pensez que l’Europe est par essence viciée ? Qu’elle nuit aux intérêts des Français ? Il s’agit en grande partie d’idées reçues, comme le montre notre décryptage.
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Et si ce n’est pas suffisant, voici cinq bonnes raisons de ne pas « aller à la pêche » dimanche. La consolidation de la maison Europe est une urgence historique. En votant, vous pouvez :
1. Combattre la montée des populismes
Egoïsme, repli, exclusion, xénophobie : une puissante vague populiste et eurosceptique déferle sur le Vieux Continent, comme le montrent les projections de Politico. Le meeting des amis de Matteo Salvini à Milan, le 18 mai, rend très concret ce nouvel axe qui (avec quelque 73 députés) deviendrait la quatrième force du Parlement européen et entend saper les fondements mêmes de l’Union européenne. Ne laissez pas prospérer cette gangrène illibérale, aux antipodes des valeurs que « l’Obs » a toujours défendues.
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2. Tenir tête aux superpuissances
Même si elle ne les a pas assez – ou mal – appliquées, l’Europe porte les valeurs des philosophes des Lumières : liberté, tolérance, justice… On a plus que jamais besoin de conforter cet espace humaniste, alors que les Etats-Unis de Trump nous tournent le dos et que la Chine de Xi Jinping avance tranquillement ses pions sur le continent. Sans oublier la Russie de Poutine qui cherche, en permanence, à déstabiliser nos leaders.
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3. Prendre le leadership sur l’écologie
Le bilan environnemental de l’Europe n’est pas formidable. Mais poussée par ses opinions publiques, l’Union met ce sujet de plus en plus haut sur son agenda. Comme le prouvent ses objectifs de réduction des émissions de CO2, ou le vote de la récente directive pour limiter l’usage du plastique. Il reste beaucoup à faire sur les pesticides, l’agriculture, la biodiversité… et pour rendre l’impératif vert compatible avec la justice sociale.
4. Compter dans la mondialisation numérique
Les investissements colossaux nécessaires dans l’intelligence artificielle, les biotechs et autres nanotechs ne peuvent se faire qu’à l’échelle européenne. Or non seulement les maîtres de ces technologies seront les seuls à capter les emplois et la richesse de demain, mais ils seront en position de dessiner l’avenir de notre civilisation. Il faut mieux armer les acteurs européens face aux champions américains – et demain chinois.
5. Faire face aux conflits à venir
La « désoccidentalisation » du monde touche l’économie, mais aussi la défense. Depuis 2012, les dépenses militaires de l’Asie dépassent celles de l’Europe, tandis que surgissent des groupes armés non étatiques, que la technologie rend de plus en plus dangereux. L’UE est indispensable pour assurer notre sécurité : combattre un terrorisme islamiste persistant et se préparer aux conflits complexes de demain.
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Découvrez les lettres à l’Europe d’artistes et de penseurs
A l’occasion des élections européennes, « l’Obs » a proposé à des artistes et des penseurs d’écrire à l’Europe. Une correspondance très personnelle à découvrir avant le scrutin du 26 mai.
- Olivier Guez, écrivain : « Ils t’ont construite frigide et boiteuse »
- Marielle Macé, spécialiste de littérature française : « Les migrants te définissent »
- Jean-Pierre Le Goff, sociologue : « Etre pour vous, malgré tout »
- Pierre Jolivet, réalisateur : « Je t’aimerais plus encore si tu avais une vraie ambition culturelle »
- Claude Lévêque, artiste plasticien : « Cesse d’ignorer les laissés-pour-compte »
- Antonio Casilli, sociologue : « Ton numérique est encombré de mirages »
- Marc Dugain, écrivain et cinéaste : « Ma vieille concubine, comment éviter ton extinction ? »
- Johann Chapoutot, historien : « Ton pays natal, c’est la Méditerranée »
- Xavier Legrand : « Tu es souffrante, mais ta guérison est proche »
- Fabienne Brugère, philosophe : « J’aimerais que l’on puisse rêver d’Europe »
- Jean Nouvel, architecte : « L’hégémonie du commercial et du rentable ne devra pas te faire oublier l’exception culturelle »
- Nathalie Heinich, sociologue : « Sois farouchement laïque »
- Laure Prouvost, vidéaste et plasticienne : « Je t’envoie une chanson pour nos Britanniques »
- Nadia Yala Kisukidi, philosophe : « En tant qu’idéal, tu es encore à naître »
- Edmond Baudoin, dessinateur : « Nous devons t’aimer comme un enfant malade »
- Vincent Tiberj, sociologue : « Il est temps que tu te politises »