Le "gilet jaune" avait foncé sur les gendarmes à Nice avant un rodéo sur l'A8: il a été condamné ce mercredi

Un manifestant de 25 ans a été condamné ce mercredi soir par le tribunal correctionnel de Nice. Il avait refusé d’obtempérer et s’était lancé dans un rodéo à 210 km/heure sur l’A8

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Grégory Leclerc Publié le 22/05/2019 à 23:51, mis à jour le 23/05/2019 à 06:14
Les "gilets jaunes" avaient organisé une opération de blocage sur l’A8. Quand les gendarmes ont voulu procéder à un contrôle, tout a dérapé. Photo Franck Fernandes

L’affaire a été jugée ce mercredi soir à l’heure où, depuis longtemps, la fatigue s'était emparée de la salle d’audience. Coup de couteau, cambrioleurs, affaires de stups : le tribunal siège déjà depuis plus de six heures sans désemparer.
Deux jeunes du public viennent juste de se faire pincer pour avoir pris des photos dans la salle d’audience. C’est un délit. Ils se retrouvent convoqués ce jeudi matin à la caserne Auvare.

Quand Cédric Paulet, 25 ans, "gilet jaune", arrive à la barre, l’atmosphère s’électrise un peu plus. Il est près de 21 heures. Le jeune homme fluet, lunettes et barbichette, semble défier le tribunal. Faire profil bas eut pourtant été une bonne option.

Un rodéo sur l’A8

Samedi 15 décembre dernier, au volant de sa voiture, il a forcé un contrôle de gendarmerie, à la barrière de péage de Saint-Isidore. Une opération de blocage de l’A8, par les " gilets jaunes ", était en cours.

Cédric Paulet a subitement redémarré. Il a manqué d’écraser un gendarme qui n’a dû son salut qu’au réflexe de prendre appui sur la Renault Mégane lancée pleine balle pour s’éjecter sur le côté.

Le "gilet jaune" s’est ensuite engagé dans un rodéo insensé sur l’A8 à près de 210 km/heure, doublant par la droite, zigzaguant dans le flot de circulation pour échapper aux motards lancés à sa poursuite. Faisant prendre tellement de risques à ses poursuivants qu’ils abandonneront la chasse.

Retrouvé, malgré sa plaque d’immatriculation maquillée, Cédric Paulet prétendra que son véhicule avait été volé, avant d’avouer. Le jeune homme conduisait sans permis.

"Pourquoi avoir pris la fuite ?", interroge la présidente, Isabelle Demarbaix. Le prévenu se dandine nerveusement. Derrière ses lunettes, ses yeux toisent les trois gendarmes assis dans le box des parties civiles : "Ils ont frappé violemment sur la vitre arrière de mon véhicule, ils ont effrayé ma compagne."

La présidente plante un regard noir dans celui du prévenu : " Cela ne vous dérange pas de soutenir cela ? La vérité c’est que vous vouliez échapper au contrôle ! Vous conduisiez sans permis ! "

Le jeune homme ne se démonte pas, coupe le procureur, la présidente, répond avec véhémence et affirme en substance que son gilet jaune lui vaut tous ces tracas. C’en est trop. "Pardonnez-moi l’expression, mais arrêtez de la ramener ! ", coupe la présidente. Elle lui rappelle son casier, guère brillant.

Menaces de mort réitérées, dégradations, conduite sans permis, usage de stupéfiants, excès de vitesse. Sans oublier un procès à venir en juin pour une autre manif des " gilets jaunes " où il s’est également fait remarquer.

"On ne va pas faire un strike"


" On ne va pas au bowling, on ne va pas faire strike ", tempête Me Valérie Foata, avocate de la partie civile. Elle rappelle que le jeune homme a failli renverser deux gendarmes et mis en danger, outre la sienne et celle de sa compagne, la vie de nombreux automobilistes.

Sur les faits, le procureur de la République, Sandra Verbrugghen, estime que c’est " une honte faite aux “gilets jaunes” qui manifestent de manière pacifique ". Elle requiert dix-huit mois de prison.

La marge de manœuvre de l’avocat du prévenu, Me Benoit Brogini, était limitée. Il plaidera sur la personnalité du jeune homme, qui a un travail en vue et une jeune compagne enceinte.

Clac-clac. Le bruit des menottes qui se referment n’était pas pour les poignets du " gilet jaune ", mais pour le prévenu précédent. " La prochaine fois cela pourrait vous arriver à vous ", prévient la présidente.

Cédric Paulet sera condamné à dix-huit mois de prison et devra verser 1.500 euros de dommages et intérêts à chaque gendarme.

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Nice-Matin

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