C’est une dernière occasion de mettre la pression sur les candidats et les électeurs à la veille du scrutin européen. Des jeunes ressortent leurs pancartes rivalisant de bons mots : « Plus tard, je veux être vivant », « Je ferai mes devoirs quand vous ferez les vôtres ». Ils s’apprêtent à descendre dans la rue, vendredi 24 mai, afin de demander aux dirigeants d’agir contre le dérèglement climatique. Une nouvelle grève internationale pour le climat, après celle du 15 mars, qui avait réuni 1,8 million d’étudiants, de lycéens et de collégiens dans 130 pays. Car cette « génération climat » veut peser dans le débat politique.
Sa force ? Avoir suscité un mouvement inédit. Pour la première fois, la jeunesse défile dans la rue, au même moment, partout dans le monde, pour défendre son avenir. Non pas éducatif ou professionnel, mais son avenir tout court. « Nous sommes la première génération à subir les effets du changement climatique et la dernière à avoir une chance réaliste de prévenir une catastrophe », résume Linus Steinmetz, 15 ans, qui se mobilise chaque semaine en Allemagne depuis février. « Nous n’avons pas vraiment le choix, abonde le lycéen britannique Jake Woodier, qui défile dans Londres tous les mois, aux côtés de plusieurs dizaines de milliers de ses camarades. Si nous échouons, les conséquences seront désastreuses : destruction de la biodiversité, raréfaction de l’eau et de la nourriture. »
Le défi des « élections climatiques »
« Ces jeunes ont intégré dans leur conception de l’avenir le fait que quoi qu’on fasse, cela va secouer fortement. Cela suscite beaucoup de peurs et d’angoisses, décrypte Luc Semal, maître de conférences en sciences politiques au Muséum national d’histoire naturelle. Quand on parle des effets du changement climatique en 2050, il ne s’agit pas de la vie des générations futures, mais de la leur quand ils auront 50 ans. »
L’engouement pour le mouvement « Fridays for future », majoritairement féminin, trouve ses racines à l’été 2018, lorsque le dérèglement climatique se manifeste par une série de catastrophes. Mais c’est la figure de Greta Thunberg qui cristallise l’engagement des jeunes. La Suédoise de 16 ans aux longues nattes, qui a entamé une grève scolaire devant le Parlement de Stockholm en août 2018, montre qu’il est encore possible d’agir. Ne manquait plus que la puissance des réseaux sociaux pour transformer un combat solitaire en élan planétaire.
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