LYON - Un suspect en fuite, et de nombreuses questions sans réponse. Un homme était toujours recherché ce samedi 25 mai au matin, au lendemain de l’explosion d’un colis piégé en plein cœur de Lyon ayant fait 13 blessés légers.
Aucune piste n’est pour l’heure privilégiée par les enquêteurs, qui ont diffusé dès vendredi soir la photo du suspect. De retour d’un voyage au Japon, le maire de Lyon et ancien ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a fait part dans la matinée à l’AFP de sa “profonde émotion” et de sa “surprise”
“On ne s’attend pas à ce qu’il y ait comme cela une attaque qui puisse se passer au centre-ville de Lyon” qui est “plutôt une ville calme”, a déclaré le maire, évoquant “l’émotion et la profonde sympathie pour les victimes qui ont été atteintes et en particulier la petite fille qui a été touchée.”
Le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, tiendra une conférence de presse ce samedi à 12h au palais de justice de Lyon. Voici ce que l’on sait, pour l’heure, de ce qu’Emmanuel Macron a qualifié “d’attaque”.
Que s’est-il passé ?
Un sac ou colis qui contenait des vis, clous ou boulons a été déposé devant une boulangerie “Brioche dorée” à l’angle de la rue Victor Hugo, artère piétonne et commerçante proche de la place Bellecour, et de la rue Sala, au cœur de Lyon. L’explosion s’est produite vers 17h30.
D’après un dernier bilan, 13 personnes -neuf femmes dont une enfant de dix ans et quatre hommes- ont été touchées par l’explosion, 11 ayant été hospitalisées. Toutes ne sont blessées que légèrement.
″Ça a explosé et j’ai cru que c’était un accident de voiture (...) Il y avait des bouts de fils électriques autour de moi, des piles et des bouts de carton et de plastique. Les vitres étaient explosées”, a témoigné Eva, une lycéenne de 17 ans encore sous le coup de l’émotion, qui se trouvait à 15 mètres du lieu de l’explosion.
“J’étais en train de travailler, de servir les gens, et d’un coup on entend un grand boum. Du coup, on descend voir pour voir ce que c’était. On pensait que c’était par rapport aux travaux”, a ajouté Omar Ghezza, boulanger dans un commerce voisin.
Selon le maire du 2e arrondissement Denis Broliquier, “la charge était relativement peu importante puisqu’elle a provoqué par souffle l’explosion des vitres de la banque réfrigérée mais on ne voit pas plus” de dégâts. “Les blessures ont été provoquées par des morceaux de verre de la banque réfrigérée (...) et puis il y a aussi des morceaux de métal qui effectivement ont blessé superficiellement (...) la dizaine de personnes”, a-t-il ajouté. Une source administrative locale a confirmé samedi à l’AFP que le colis contenait une “charge explosive relativement faible” et avait été “déclenché à distance”.
Après l’explosion, la rue a été rapidement évacuée et bouclée par les forces de l’ordre. Le ministre de l’Intérieur, qui a fait le déplacement à Lyon accompagné du procureur de Paris, Rémy Heitz, a parallèlement décidé de renforcer la sécurité des sites accueillant du public et des événements sportifs, culturels et religieux. Le périmètre de sécurité a été levé samedi en début de matinée.
Qui est le suspect ?
La police a lancé un appel à témoins en diffusant la photographie du suspect, capté par une caméra de vidéosurveillance municipale. Elle montre un homme “porteur d’un haut sombre à manches longues” et “d’un bermuda clair”, poussant un vélo noir. Selon une source proche de l’enquête, il est âgé d’une trentaine d’années.
Les autorités ne privilégient aucune piste quant à son profil ou ses motivations.
Le suspect a été filmé par les caméras de vidéosurveillance de la ville, selon le maire du 2e arrondissement, Denis Broliquier. “On a l’itinéraire (du suspect) à l’aller et au retour”, a-t-il dit à la presse.
“Les images de vidéosurveillance sont en train d’être étudiées par la police judiciaire en ce moment-même, la police va aussi récupérer celles des hôtels de la rue, pour retracer le trajet de l’individu en amont”, a de son côté indiqué Aurélie Bonnet Saint-Georges, adjointe au maire du 2e arrondissement, interrogée par Le Figaro.
“On sait qu’un homme est venu en VTT, qu’il a posé le colis, qu’il est reparti, a résumé le député LREM de la 2e circonscription du Rhône, Hubert Julien-Laferrière, au micro de BFMTV. Il n’est plus sur les caméras à partir du moment où il a traversé le Rhône et s’est dirigé à l’est de l’agglomération”.
D’après Le Parisien, le suspect serait venu du quartier de la Guillotière (sur les 3e et 7e arrondissements de Lyon, sur la rive gauche du Rhône) en passant par la place Bellecour avant de déposer son colis puis de repartir dans l’autre sens. Il aurait déclenché l’explosion à distance avec son téléphone une à deux minutes plus tard, toujours selon le quotidien, citant une source proche de l’enquête.
Où en est l’enquête ?
Chargée du dossier, la section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert “une enquête de flagrance des chefs de tentative d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste et d’association de malfaiteurs terroriste criminelle”. La garde des Sceaux Nicole Belloubet a toutefois tenu à souligner vendredi soir qu’il était “trop tôt” pour évoquer “un acte terroriste”. “Au vu des résultats, on pourra effectivement qualifier cette enquête”, a-t-elle précisé.
Lors d’une interview avec un Youtubeur à propos des européennes, Emmanuel Macron a déclaré qu’il y avait “eu une attaque à Lyon (...) il ne m’appartient pas d’en faire le bilan, mais a priori, aujourd’hui, à ce stade, il n’y a pas de victime. Il y a des blessés, donc je veux avoir évidemment une pensée pour les blessés, leurs familles”.
Dans un tweet envoyé plus tard dans la soirée, le chef de l’État n’a plus évoqué d’“attaque”, se contentant de déplorer “la violence qui s’est abattue” sur les Lyonnais.
La France n’avait plus connu d’attaque au colis piégé depuis décembre 2007, lorsqu’une explosion dans un cabinet d’avocats -dont les raisons sont à ce jour restées inexpliquées- avait fait un mort et un blessé.
Mais depuis la fusillade de Strasbourg qui a fait quatre morts, une victime en état de mort cérébrale et 11 blessés en décembre, le plan Vigipirate est resté au niveau “Sécurité renforcée - Risque attentat” sur tout le territoire, signe d’une menace terroriste persistante aux yeux des autorités.
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