Pire qu’en 1969, quand la gauche, divisée, avait été éliminée dès le premier tour de la présidentielle - Gaston Defferre avait obtenu 5% des voix? On compte pour les européennes cinq têtes de liste issues d’une gauche qui a su, il n’y a pas si longtemps, gouverner unie, régnant sur la France mais aussi sur une majorité de régions, de départements, de grandes villes…
Raphaël Glucksmann, tête de liste PS; Benoît Hamon, ancien candidat du PS à la présidentielle, chef de file de Génération.s; Manon Aubry, nouvel élixir de la France insoumise, parti créé par Jean-Luc Mélenchon, ancien ministre socialiste de François Mitterrand; deux écologistes, Yannick Jadot et Dominique Bourg, soutenu par Delphine Batho, ex-porte-parole de François Hollande; le communiste Ian Brossat! Pas un seul n’est donné au-dessus de 10% dans les sondages. Et deux seulement (Jadot et Aubry) sont assurés de dépasser le seuil des 5 % qui permet d’avoir des élus au Parlement européen. Cet émiettement fait penser à ces grandes familles qui, en l’absence d’un leader incontesté à force d’alliances, finissent par se haïr, se déchirer et tout perdre.
De quel poids pèseront les socialistes français dans le groupe socialiste européen? Quatre sièges? Peut-être zéro (LFI est affilié au groupe GUE/NGL). Contre 8 en 2014, 41 en 2004, 22 en 1999… L’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D) est elle-même en chute libre. Elle est créditée de 19,5 % des sièges (environ 147), contre 25 % en 2014. Les beaux scores des partis socialistes espagnol, portugais, finlandais, suédois, et même du Parti travailliste britannique, ne suffiront pas à combler le recul des forces socialistes en France, en Allemagne ou en Italie.