Les Français boudent l’appel à la parité au sein des institutions européennes

Margrethe Vestager et Frans Timmermans sont les deux seules "Spitzenkandidaten" féminines EPA-EFE/OLIVIER HOSLET

71 personnalités politiques européennes – mais seulement 4 françaises – ont signé un appel pour la parité dans les prochaines institutions.

Alors que le sujet de la parité homme/femme émergeait doucement début mai, le président du Conseil européen, Donald Tusk, l’avait balayé d’une phrase à Sibiu, en Roumanie. « L’équilibre homme/femmes est difficile à mettre en place » aux plus hauts postes européens avait indiqué l’homme politique polonais de droite.

C’est lui qui organise le prochain sommet, le 28 mai, qui abordera la question de la répartition des postes de premier plan au lendemain des élections.

Les femmes toujours sous-représentées dans la prise de décision en Europe

En Europe, le chemin est encore long pour parvenir à l’égalité entre hommes et femmes, et le monde politique n’est pas sans l’ignorer. Un article d’EuroEFE.

En réaction, des dizaines de politiques européens de premier plan ont signé un appel, publié sur le site de l’institut Jacques Delors, pour que les femmes soient mieux représentées dans les institutions européennes.

« Nous voulons un leadership européen qui reflète l’Europe. Toute l’Europe. Les femmes également. (…) Une juste représentation de notre société est dans l’intérêt de tous. Ce n’est pas un sujet purement féminin. Pourtant, certains agissent encore comme si les femmes étaient minoritaires. Nous ne le sommes pas. Nous ne devrions pas être minoritaires lorsqu’il s’agit de déterminer notre leadership européen » proclame l’appel.

Des institutions très masculines

Concrètement, l’appel réclame le même nombre d’hommes et de femmes au sein de la Commission, mais également une parité en haut de la pyramide hiérarchique de l’exécutif européen (présidence et vice-présidence) ainsi qu’à la tête des autres institutions européennes.

Ce qui n’est pas le cas pour l’instant. Les institutions sont toutes dirigées par des hommes, qu’il s’agisse de la Commission, du Parlement européen, du Conseil européen, de la Banque centrale européenne. La femme la plus haut placée dans le protocole est Federica Mogherini, qui a le poste de Haute représentante aux affaires étrangères.

Et sur l’équipe de 28 personnes de la Commission européenne, on trouve seulement 9 femmes, soit moins d’un tiers, quand le Parlement européen en accueille 36 %.

Publiée sur le site de l’Institut Notre Europe, marqué à gauche, la tribune est surtout signée par des centristes, comme le commissaire à la santé Andriukaitis et le commissaire aux migrations Avramopoulos, ou encore la commissaire au transport Violeta Bulc, Marianne Thyssen la commissaire à l’emploi et Karmenu Vella , commissaire à la pêche et Margrethe Vestager, la commissaire à la concurrence et sans doute principale concernée dans un éventuel haut poste européen, est aussi signataire. Tous  les « Spitzenkandidaten », Frans Timmermans, Manfred Weber, Jan Zahradil, Bas Eickout et Ska Keller, Nico Cué l’ont aussi signée.

En revanche la France brille par son absence sur le sujet. Le seul membre de la liste Renaissance à l’avoir signé, Sandro Gozi, est italien, et à part lui aucun candidat à l’élection européenne en France ne s’y est intéressé.

Les quatre Français signataires sont le commissaire Pierre Moscovici, l’eurodéputée socialiste sortante Pervenche Berès,  la présidente du lobby des femmes, Gwendoline Lefebre et Pascal Lamy. Le sujet est pourtant un de ceux qui tient à cœur à Nathalie Loiseau, tête de liste de Renaissance en France.

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