Le vainqueur des élections européennes n’est pas celle qu’on croit

Edito Nicolas Beytout

Sur le tableau Excel des résultats électoraux, le doute n’est pas permis : Emmanuel Macron a perdu son duel face à Marine Le Pen dont la liste est clairement arrivée en tête des élections européennes. L’engagement total du président de la République dans la campagne et le duel qu’il avait installé comme un match retour de la présidentielle ne lui ont pas permis de rééditer son exploit de 2017.

Pourtant, à bien y regarder, c’est lui, le chef de l’Etat, qui sort vainqueur des élections. La progression du Rassemblement national par rapport aux précédentes élections est contenue, et La République en marche a plutôt correctement résisté à l’usure du pouvoir, au désenchantement qui s’est installé autour du macronisme et surtout, à la déferlante des Gilets jaunes qui avaient failli mettre à bas le pouvoir. Le rétablissement de la majorité gouvernementale est de ce point de vue spectaculaire.

Mais le véritable succès du chef de l’Etat est ailleurs : la stratégie du vote utile a fonctionné au-delà de ses espérances. Elle a ravagé la droite républicaine dont l’offre politique a été désavouée et le positionnement rejeté ; elle a atomisé la gauche et humilié le parti de Jean-Luc Mélenchon, ravalé au rang d’un PS moribond qu’il méprise pourtant, loin, très loin derrière les Verts emmenés par un Yannick Jadot qui a su habilement profiter d’un scrutin traditionnellement favorable aux écologistes.

Le paysage politique français est donc clair, désormais. Ce qui s’était produit en 2017 n’était pas un accident de l’histoire mais son accélération, au hasard du désastre de la campagne de François Fillon. La France est, et restera pour les années qui viennent, dominée par le combat entre un parti de gouvernement et une force de rejet, sous le regard dépité de toutes les oppositions et de droite et de gauche, seulement unies dans la défaite.

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