La flottille de satellites de SpaceX est visible dans le ciel nocturne, et ça inquiète les astronomes
ESPACE•60 microsatellites du projet Starlink ont été mis en orbite basse, et 12.000 doivent suivreP.B.
À la queue leu leu, ils forment ce que certains ont déjà surnommé le « train » de l’espace. A condition de savoir quand et où regarder, on peut voir à l’œil nu, ou avec une paire de jumelles, les 60 microsatellites lancés par SpaceX la semaine dernière. Et alors qu’Elon Musk compte en envoyer 12.000 autres pour compléter la flottille Starlink d’ici à 2027, pour connecter chaque recoin de la Terre à un Internet à haut débit et à faible latence, les astronomes s’inquiètent de la pollution lumineuse et radio engendrée.
« Préparez-vous à être émerveillés », s’est enthousiasmé l’astronome amateur néerlandais Marco Langbroek, en capturant une vidéo du « train » de satellites, qui ont été déployés à 450 km d’altitude, et devraient atteindre à terme « une altitude opérationnelle de 550 km », selon SpaceX. Cette orbite basse est comparable à celle de la Station spatiale internationale, très loin de celle des satellites en orbite géostationnaire à 36.000 km d’altitude.
« Une inquiétude légitime »
Si le spectacle est grandiose, il fait également peur. « Si SpaceX en lance 12.000, ils vont dépasser le nombre d’étoiles visibles », s’alarme un autre astronome amateur, Alex Parker.
De fait, on ne verra jamais 12.000 satellites à la fois. Ils vont se disperser et se situer sur des orbites différentes (entre 550 et 1.200 km) et ne croiseront pas l’horizon au même moment. Mais Jonathan McDowell, astronome au Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics, calcule qu’on pourrait « en voir jusqu’à 100 à l’œil nu simultanément ». Selon lui, personne ne s’attendait à ce que les satellites soient aussi réfléchissants. Alors que SpaceX assure qu’il va les orienter pour minimiser le phénomène, l’astronome estime qu’il faudra plusieurs mois pour être fixé.
Selon McDowell, « l’inquiétude est légitime ». Il ne s’agit pas que de pollution lumineuse. Avec une demi-douzaine de projets similaires (OneWeb et Amazon, notamment), des dizaines de milliers de microsatellites pourraient perturber les observations des radiotélescopes au sol, sans parler du risque d’embouteillage en orbite basse pour de futurs lancements. « Ces projets assurent que tout ira bien, mais il faut que les autorités régulatrices se penchent sur ces questions », insiste le scientifique.
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