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Des poulets vivants collectés à la moissonneuse

Capture de la vidéo de L214.
Capture de la vidéo de L214. © DR
Anne-Cécile Beaudoin

Vidéo à l’appui, l’association L214 dénonce les conditions de vie déplorables des poulets élevés au sol, dans l’Aube et l’Yonne, pour fournir l’un des principaux acteurs du marché de la viande de volaille. 

Deux élevages intensifs, dans l’Aube et l’Yonne. L’un concentre 40 000 poulets de chair ; l’autre, 80 000. Images filmées en avril 2019. Des bâtiments sans fenêtre, une lumière artificielle, des volailles entassées au sol les unes contre les autres, à perte de vue. Litière crasseuse, des cadavres. Sélectionnés génétiquement pour grossir vite, certains poulets ont le ventre et les pattes si déformées qu’ils ne peuvent plus se tenir debout. D’autres, déplumés, écorchés, agonisent, « étouffés par la puanteur de l’ammoniac ou meurent de soif parce qu’ils n’arrivent pas à atteindre les abreuvoirs », selon les constats de L214. L’association montre également aujourd’hui une scène surréaliste pour les novices de l’élevage : dans l’établissement situé dans l’Yonne, les animaux sont collectés à l’aide d’une machine munie d’une large plateforme. Une sorte de « moissonneuse » à poulets, c’est-à-dire une ramasseuse mécanique, qui les aspire puis les propulse via un tapis roulant dans des casiers de transport. Et quand ça ne rentre pas, les employés tassent les oiseaux -tant pis si les ailes se brisent- comme des ballots de chiffon, ou les jettent violemment à terre. Les caisses sont ensuite empilées dans un camion. En route pour l’abattoir.

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Selon l’enquête de L214 , ces deux élevages sont sous contrat d’intégration avec le producteur de volailles français DUC (acquis fin 2016 par l’entreprise néerlandaise Plukon Food Group) qui assure pourtant, sur son site internet https://www.duc.fr/nos-engagements/bien-etre-animal/ que« les poulets DUC bénéficient de règles d’élevage adaptées. Les éleveurs DUC y portent la plus grande attention en les surveillant autant que nécessaire. Toutes les interventions réalisées au contact des animaux s’effectuent avec l’objectif d’éviter les stress inutiles.» Contactée, la marque nous renvoie vers l’Interprofession ANVOL qui regroupe les acteurs de la filière volaille. « Les images sont choquantes et nous les condamnons », dit Anne Richard, directrice d’ANVOL. Et d’ajouter : « Il s’agit cependant d’une énième vidéo diffusée par une association dont l’unique objectif est d’en finir avec la production de viande. Les éleveurs sont fatigués, ils n’en peuvent plus des intrusions. Ils se sentent accuser de choses qu’ils ne font pas au quotidien. Les animaux sont leur adrénaline mais comme dans n’importe quel métier, un problème peut arriver et c’est pile ce moment-là que les associations choisissent de mettre en exergue. La France importe déjà 1/3 des volailles qu’elle consomme. On doit encourager nos éleveurs à produire et à s’améliorer. Pour y parvenir, nous avons mis en place des contrôles tous les ans, mais aussi des outils comme l’application Ebène. Elle permet à chaque éleveur de voir si le comportement de ses volailles de chair est conforme aux critères de bien-être animal définis avec les associations CIWF et Welfarm, et propose des solutions pour s’améliorer. »

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Attention : la vidéo peut choquer les personnes sensibles

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En France, la consommation de viande de volaille est en hausse quasi constante : en 2018, elle atteignait près de 30 kilos par habitant (+ 6,7% par rapport à 2017), d’après les données publiées au mois de février par France AgriMer. Alors que 91% des Français sont défavorables à l’élevage intensif des volailles (sondage Ifop de juin 2018), L214 rappelle que « 83 % des 800 millions de poulets abattus chaque année en France sont élevés dans des conditions similaires à celles révélées dans cette enquête ».Pour répondre à la demande des consommateurs qui ne digèrent plus la souffrance,certaines marques -Panzani, Thiriet ou Courtepaille- se sont engagées à s'approvisionner d’ici 2026 auprès d’élevages et d’abattoirs répondant aux critères du European Chicken Commitment, soutenu par une trentaine d’associations en Europe. Ces critères permettent une amélioration des conditions d’élevage et d’abattage, comme la mise en œuvre d’une densité d’élevage maximale de 30kg/m2, la lumière naturelle, des perchoirs,l'étourdissement par atmosphère contrôlée (utilisation de gaz inertes ou de systèmes multiphasés), ou une autre technique d’électronarcose efficace n’impliquant pas un accrochage des poulets vivants. « Consommateurs, politiques, responsables de l’agroalimentaire et de la distribution, chacun doit prendre ses responsabilités pour sortir de l’hypocrisie et en finir avec cette maltraitance organisée et massive des animaux », conclut L214 dans son communiqué diffusé mercredi.

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