Une polémique remplace une autre. Le Qatar vient d'inaugurer le stade Al-Wakrah, l'un des huit à accueillir la Coupe du monde 2022. Pour contrer la chaleur du désert pouvant monter jusqu'à 50°C, ce petit État pétrolier a installé une climatisation dans le stade. Une hérésie environnementale pour beaucoup, qui s'ajoute aux accusations de travail forcé sur les chantiers destinés à l'événement sportif. 

C’est la coupe du Monde de toutes les polémiques. Le jeudi 16 mai, le Qatar a inauguré son premier stade climatisé, le stade Al-Wakrah, qui devra accueillir la Coupe du monde 2022 et les Mondiaux d’athlétisme de cet été. C’est autour de Doha, dans une zone recouverte de sable et de cailloux que le stade a été construit.
"J’ai parcouru le monde et je suis allé dans des stades de différentes villes, notamment au Royaume-Uni : enfin il m’est possible d’aller dans un stade de classe mondiale au Qatar", s’est réjoui auprès de l’AFP Yousef Al-Jaber, directeur de recherche d’une compagnie pétrolière habitant Doha. Dans un pays où la température peut atteindre 50 °C l’été, la climatisation était indispensable. Mais écologiquement, elle pose problème.
"Comble de l’irresponsabilité"
"Regardez, on est tellement riches qu’on peut faire des trucs utiles et intelligents comme climatiser des stades dans le désert !", a ironisé sur Twitter Pierre Monégier, reporter pour Envoyé Spécial. "Comble de la connerie et de l’irresponsabilité ! Climatiser un stade au Qatar ! On va vraiment faire la Coupe du monde 2022 comme ça ? Boycott ?", s’interroge l’éditorialiste de France Inter, Thomas Legrand. 


Le Qatar lui défend son empreinte environnementale et assure que la climatisation sera alimentée à l’énergie solaire grâce à des panneaux photovoltaïques. Cela permettra de refroidir les zones pour les supporters à 18°C et le terrain de football à 20°C. Un toit rétractable a également été installé pour limiter la chaleur. 
40°C à l’ombre
"Pour le côté écologique, je reste sceptique. Le coût environnemental est quand même énorme !", estime dans les colonnes de So Foot Adrien Le Norcy, gérant du site spécialisé frigoriste.fr. "Le bilan carbone d’une telle installation doit être exorbitant. Un champ de panneaux photovoltaïques, couplé à un réseau de tuyauteries gigantesque et des pompes hydrauliques de puissance phénoménale, sans, parler des turbines, ça n’a rien de très écolo. C’est juste qu’ils n’ont pas d’autre choix au vu des températures dans le pays. Par 40°C à l’ombre, difficile de jouer un match".
Au total, le Qatar prévoit la construction ou la rénovation de huit stades. Le ministre de l’Environnement avait promis, en 2018, une Coupe du monde au "bilan carbone neutre" respectueux des standards environnementaux de la FIFA. Au-delà de l’empreinte environnementale, c’est le respect des droits humains qui est pointé du doigt depuis l’annonce de la Coupe du monde dans cet État pétrolier. Dans une enquête publiée en 2016 Amnesty International a rapporté des cas de travail forcé sur les chantiers de l’événement sportif. 
Marina Fabre, @fabre_marina

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