Lors de ses premières expériences en laboratoire, sur des souris, il y a 20 ans, on lui disait que "les hormones compliquaient tellement tout qu'on aurait du mal à étudier le cerveau des animaux femelles", explique-t-elle. "C'était la norme, on n'étudiait que les mâles", précise-t-elle dans une tribune publiée jeudi par la grande revue américaine Science et dans laquelle elle dénonce ce stéréotype "patriarcal, hérité du XIXe siècle et persistant dans la recherche scientifique actuelle".
Plus compliquées que les hommes
A cause du cycle menstruel et des variations hormonales, les femmes sont traditionnellement considérées par le monde scientifique comme des versions plus compliquées que les hommes. Elles seraient "hormonales, émotionnelles, instables", explique aussi Rebecca Shansky. Ce mythe a conduit les scientifiques à presque exclusivement réaliser leurs expériences et leurs études, depuis un demi-siècle, sur des souris, des rats et des primates mâles, dont le cerveau était considéré comme une version normale du cerveau humain .
Cela veut dire que depuis des décennies, les laboratoires pharmaceutiques développent des médicaments dont on s'aperçoit ensuite qu'ils ne sont pas tout à fait adaptés aux femmes, en particulier pour les maladies mentales comme la dépression ou l'anxiété, qui touchent plus de femmes que d'hommes. Un exemple fameux : le somnifère Ambien produisait plus d'effets indésirables chez les femmes que les hommes.
"On s'est aperçu que les femmes devaient finalement prendre la moitié de la dose des hommes, car elles métabolisent le médicament différemment. Le dosage a été changé en 2013"