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Pourquoi il faut lire une histoire à votre enfant avant de le coucher

Rue des Archives/Rue des Archives/ Everett

INTERVIEW - Surexposés aux écrans, les plus petits dorment de moins en moins bien. Valérie Roumanoff, hypnothérapeute et auteur de l’ouvrage Le marchand de sable va passer, explique au Figaro en quoi la lecture du soir est essentielle.

Comme le rappelle l’Organisation Mondiale de la Santé, un bébé doit dormir entre 14 et 17 heures et ce, jusqu’à l’âge de trois mois. À 3 ans, il lui faut entre 10 et 13 heures. Le sommeil, on l’aura compris, est essentiel au développement cognitif des plus petits: la nuit est un moment durant lequel le cerveau consolide les apprentissages, formant plus d’un million de connexions par seconde.

Or, les écrans perturbent ce rythme biologique. La lecture du soir est concurrencée par la lumière bleue des LED. Valérie Roumanoff, hypnothérapeute et auteur de l’ouvrage Le marchand de sable va passer (First), explique au Figaro en quoi une simple histoire, un conte fabuleux, peut aider vos enfants à trouver le sommeil.

LE FIGARO. - La lecture d’une histoire à son enfant l’aide-t-elle vraiment à dormir?

Valérie ROUMANOFF. - Absolument. C’est un moment de calme durant lequel le parent se consacre entièrement à l’enfant. Dans la vie d’aujourd’hui, avec le rythme que l’on a, c’est rare! La lecture du soir se fait souvent en tête à tête: l’enfant se sent privilégié, il sent que rien d’autre n’existe que lui. Les parents ne sont pas occupés par un repas à débarrasser, une discussion à terminer… Les plus petits apprécient beaucoup cela et se sentent rassurés.

« Il faut éviter de prendre une ‘‘voix de bébé’’ qui est tout simplement inutile »

Une histoire peut-elle être un remède aux cauchemars et angoisses de l’enfant?

Oui. Tout dépend de l’histoire et de la façon qu’a le parent de la raconter. Il faut vivre le conte, jouer les personnages, mettre le ton et y aller à fond! Plus vous êtes investis dans l’histoire et plus l’enfant s’y verra plongé. Il faut éviter de prendre une «voix de bébé» qui est tout simplement inutile. En réalité, il est conseillé de se caler sur la respiration de l’enfant et être au même rythme que lui. Cela demande de l’entraînement mais les résultats sont fabuleux! Si l’enfant est agité, alors il faut lire de façon agitée, ralentir son tempo petit à petit pour l’apaiser. C’est logique: si on lit une histoire de façon calme alors que l’enfant est en train de faire des galipettes dans son lit, ça ne va pas marcher. Lui imposer un rythme est contre-productif.

Pour se caler sur son rythme, il faut parler au moment où l’enfant expire. Car en disant nos phrases, nous expirons aussi. Ensuite, pour le calmer, on peut l’emmener progressivement vers un tempo plus lent, de façon à le bercer. Cela ralentit naturellement notre débit, ce qui apaise sa respiration et l’aide à s’endormir.

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Quel genre d’histoires faut-il privilégier? Préconisez-vous des thèmes en particulier?

J’ai écrit deux ouvrages d’histoires pour aider à endormir son enfant et il est vrai que ce sont souvent des récits qui détendent et qui font rêver. Il y a un peu de magie qui permet un départ vers le rêve et l’imaginaire. Dans mon livre Le marchand de sable va passer (First), les histoires parlent d’animaux et de personnages qui s’endorment. L’enfant, qui s’identifie aux héros, peut s’assoupir lui aussi pendant que le parent lit. Dans mon second ouvrage, Histoires magiques du soir(First), je développe des aventures thématiques qui mettent en scène des personnages traversant potentiellement les mêmes choses que l’enfant. Cela lui permet de voir qu’il est possible de dépasser certains problèmes de son quotidien puisqu’il voit que les personnages finissent toujours par s’en sortir. L’enfant peut alors puiser en lui-même les ressources nécessaires pour trouver des solutions et mettre fin à ses inquiétudes. Il comprend qu’il peut surmonter les difficultés et cela lui évite de passer une nuit agitée.

« Lire à son enfant le soir, c’est l’hypnotiser de la manière la plus naturelle possible »

Sur quoi vous êtes-vous appuyée pour concevoir ces livres pour enfants?

Je me suis appuyée sur des livres d’hypnose et de thérapies qui développent les métaphores. Ces dernières consistent à raconter quelque chose qui se rapproche du quotidien de l’enfant mais demeure suffisamment éloigné pour qu’il ne s’en rende pas compte. L’hypnose, c’est raconter des histoires. Ainsi, lire à son enfant le soir, c’est l’hypnotiser de la manière la plus naturelle possible: on lui fait imaginer des choses, on le fait voyager dans des mondes aux couleurs différentes, par les mots. Ce voyage commencé se poursuit pendant la nuit.

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Faut-il préférer les histoires courtes ou des livres plus longs à chapitres?

Il n’y a pas de règles. Mais il faut prévenir l’enfant si l’on compte ne pas lire la fin. Il ne faut pas qu’il soit en demande ou qu’il s’inquiète.

Et qu’en est-il des illustrations?

Il y a deux écoles. Soit on lui montre les images, soit on le laisse imaginer l’histoire. Dans les livres que j’ai écrits, les illustrations constituent un support pour l’imaginaire. Elles ne sont pas faites pour que l’enfant reste fixé dessus. Il faut qu’il puisse inventer les images qu’il a envie de voir. En fermant les yeux, on écoute mieux, on s’échappe de la réalité et l’on s’évade vers un sommeil apaisé.

Combien de temps faut-il consacrer à la lecture du soir?

Ce qui importe, c’est de limiter le nombre d’histoires. De ne pas céder aux demandes de l’enfant qui en veut toujours plus. Je cite souvent cette phrase: «Il faut perdre du temps pour en gagner.» Plus on va perdre du temps en étant complètement là, en lisant une seule histoire mais avec conviction, moins on aura besoin de multiplier le nombre d’histoires. Une bonne habitude à prendre est aussi de faire lire l’enfant avant de dormir, s’il est en âge de le faire.

Pourquoi il faut lire une histoire à votre enfant avant de le coucher

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21 commentaires
  • Dark001001

    le

    Moi,les miens je leur glisse toujours un peu de valium dans le jus de fruit du soir .Jamais de problème .

  • dorléans gaston

    le

    Moi je leur lis "Histoire d'O", ils aiment bien. Ensuite on va commencer "Cruelle Zélande", il faut connaître ça avant l'entrée en 6e.

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