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« Une grande baraque. Le sol est en terre battue. Enfin c’est ce que je crois. Ça sent si fort que même les portes ouvertes n’y font rien. Dans cette baraque il y a des femmes assises, côte à côte, dos à dos, à perte de vue, sur des planches en bois, en train de faire leurs besoins. Toutes ensembles. Un alignement de fesses. Il y en a une en particulier, ses fesses sont de toutes les couleurs. Jaune, rose, violacé. Mais ce n’est pas tant ça qui me choque. C’est ce qu’elle fait. Elle urine dans ses mains et se passe ça sur les fesses. A côté d'elle, je vois cette autre femme. Sa colonne vertébrale lui crève la peau du dos, les os de son bassin. On dirait un squelette. Comme sur les planches d’anatomie à l’école. Comment est-ce possible ? Et au milieu de tout cela, il y a la responsable du bloc qui cuisine. » Ginette Kolinka dans « Retour à Birkenau » extrait lu sur le plateau de ONPC
Retour à Birkenau. Et non pas retour de. Je n'ai pas encore lu le livre, mais je me dis que peut-être on ne revient pas complètement d’un endroit comme celui-là. Ginette Kolinka le dit, on ne peut pas réaliser ce qui s’est passé dans ces endroits-là si on ne l’a pas vécu soi-même. Les mots pour expliquer ça, n’existent pas. Elle dit qu’elle espère que nous n’allons pas penser qu’elle exagère parcequ'elle-même se demande encore comment elle a pu supporter et survivre à ça.