Japon : une pétition pour protester contre l’obligation de porter des talons au travail

Près de 19 000 personnes ont signé le texte lancé par une actrice, qui s’était plainte d’avoir dû porter des talons pendant son job d’hôtesse d’accueil.

 La comédienne japonaise Yumi Ishikawa a lancé un mouvement pour mettre fin à l’obligation de porter des talons au bureau
La comédienne japonaise Yumi Ishikawa a lancé un mouvement pour mettre fin à l’obligation de porter des talons au bureau AFP/Charly TRIBALLEAU

    Elles ne souhaitent plus être discriminées à cause de leurs chaussures. Des femmes japonaises ont présenté ce lundi une pétition au gouvernement pour protester contre l'obligation implicite imposée à la gente féminine de porter des talons au travail.

    La campagne #KuToo, qui joue avec les mots kutsu (chaussure) et kutsuu (douleur) a été lancée fin janvier par l'actrice et mannequin Yumi Ishikawa et a rapidement remporté le soutien de 19 000 personnes sur la toile. Les militantes soulignent qu'il est quasiment impossible d'échapper aux talons hauts lorsqu'on cherche un travail, et même une fois que l'on se retrouve admise dans un bureau.

    « C'est de la discrimination sexuelle et ça constitue un harcèlement », a déclaré Yumi Ishikawa à la presse après s'être entretenue avec des responsables du ministère du Travail.

    Une des personnes rencontrées « était une femme favorable à notre pétition […]. Elle nous a dit que c'était la première fois qu'une telle demande parvenait au ministère », a poursuivi l'actrice, précisant qu'il s'agissait d'une « première étape ».

    Témoignage viral

    Tout était parti en janvier dernier d'un tweet de sa part se plaignant de l'obligation de porter des talons hauts pour obtenir un emploi dans un hôtel. Non seulement cela est gage de discrimination, mais les talons peuvent aussi nuire à la santé, estimait-elle.

    « Quand j'étais hôtesse pendant un mois à temps partiel, je ne pouvais plus utiliser mes pieds à force de porter des talons hauts et j'ai arrêté ce travail », avait-elle témoigné dans ce message, rapidement devenu viral.

    Yumi Ishikawa avait lancé dans la foulée sa pétition, recueillant 10 000 signatures en moins d'un mois. « J'ai pris conscience du fait que tant de gens avaient le même problème et j'ai décidé de lancer cette campagne », a-t-elle raconté ce lundi.

    De nombreux témoignages similaires étaient apparus sur les réseaux sociaux. Certaines femmes ont raconté ne plus pouvoir porter certains types de chaussures à cause de blessures aux pieds.

    就活のパンプス本当に無くして欲しい。なんで女性だけなの?外反母趾や甲高幅広のせいで靴擦れしまくるんだよ。新大阪から5分歩いただけでこれだよ。外まで血だらけ…パンプスは現代の纒足だよ。こんなの強制的に履かせるの間違ってる。なにがマナーだよ!!!健康的被害出てんだよ!!! pic.twitter.com/xh2JhW0JUY— うどんちゃん@趣味垢 (@udondon1234) 13 mars 2019

    Comme le rappelle l'agence Kyodo News, le Japon a une loi interdisant la discrimination fondée sur le sexe, mais il n'y a aucune référence aux codes vestimentaires.

    La militante Yumi Ishikawa espère désormais que son pays suivra l'exemple de la Colombie-Britannique. En 2017, la province du Canada avait interdit aux entreprises de forcer leurs employées à porter des talons hauts, qualifiant cette pratique de dangereuse et discriminatoire.