Le fil vert

Acheter des zones naturelles… pour les préserver

Fil vert, les chroniquesdossier
Une association de sauvegarde de la faune sauvage acquiert de vastes espaces afin de laisser la nature s’autogérer. Déjà propriétaire de 700 hectares, elle s’emploie à multiplier de tels sanctuaires.
par Sarah Finger
publié le 4 juin 2019 à 8h37

 Tous les jours, retrouvez le fil vert, le rendez-vous environnement de Libération. Aujourd’hui, la bonne nouvelle de la semaine.

L'idée est simple : créer des espaces naturels au sein desquels l'homme cesse d'intervenir pour laisser la nature se «réparer» elle-même. «Actuellement, moins de 1% de notre territoire bénéficie d'une protection spécifique, grâce notamment à la création des parcs nationaux, des zones Natura 2000 ou des réserves naturelles, explique Madline Rubin, directrice de l'Association pour la protection des animaux sauvages (l'Aspas, créée en 1980). De telles protections présentent certes un intérêt mais on voit aussi leurs limites car la chasse, l'agriculture et l'exploitation forestière sont le plus souvent autorisées dans ces espaces.»

Pour lutter efficacement contre l'effondrement de la biodiversité et préserver les habitats naturels, l'Aspas s'emploie donc à multiplier des «zones de nature sauvage», où seuls les promeneurs et autres randonneurs sont acceptés. Des patrouilles de bénévoles veillent sur place à faire respecter les règles de ces sanctuaires, notamment l'interdiction de la chasse et bien sûr du braconnage.

Site du Grand Barry

Photo Rémi Collange. Aspas

Grâce à une politique d'acquisition foncière engagée dès 2010, l'Aspas gère déjà plusieurs espaces dédiés à ce «ré-ensauvagement». Elle détient en France près de 700 hectares de nature libre, comme la réserve de vie sauvage du Grand Barry et celle des Deux Lacs, situées dans la Drôme. Dans les Côtes-d'Armor, l'association souhaiterait acheter de nouvelles parcelles pour étendre la réserve du Trégor dont elle est déjà propriétaire. L'Aspas entend à présent franchir un nouveau cap avec deux ambitieux projets : l'un dans le Vercors, l'autre dans le Parc naturel régional des Baronnies.

10 000 donateurs

Encore faut-il trouver l'argent pour financer l'achat des terrains. «Indépendante financièrement, notre association ne bénéficie d'aucune subvention publique. Nos projets sont financés par des fondations et environ 10 000 donateurs», explique Madline Rubin. Pour la première fois de son histoire, l'Aspas a lancé un financement participatif via la plateforme HelloAsso afin de pouvoir acquérir 500 hectares dans le Vercors. Avec plus d'un demi-million d'euros recueilli par ce seul biais, ce projet est en voie d'être bouclé.

Site de Tregor

Photo Céline Hernandez. Aspas

Mais le label «réserve de vie sauvage» de l'Aspas n'est pas réservé aux grandes étendues : «Il peut aussi être octroyé à des zones appartenant à des propriétaires désireux que leur terrain devienne des havres sans chasse ni sylviculture, précise la directrice. Si le dossier est validé, le propriétaire doit s'engager sur la durée, signer notre charte et respecter notre cahier des charges.»

L'Aspas a choisi Jacques Perrin comme parrain de ses sanctuaires de vie sauvage. Célèbre producteur de documentaires (le Peuple singe, Microcosmos, le Peuple migrateur…), il s'est activement investi dans cette démarche car, dit-il, «multiplier les réserves, c'est laisser aux hommes à venir des jardins secrets pour s'y perdre».

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique

Les plus lus