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« Rafle du Vieux-Port » à Marseille en 1943 : une enquête ouverte pour « crimes contre l’humanité »

La justice française va tenter de retrouver d’éventuels responsables encore en vie des persécutions et du transfert forcé d’au moins 20 000 Marseillais lors de la seconde guerre mondiale.

Le Monde avec AFP

Publié le 04 juin 2019 à 18h05

Temps de Lecture 2 min.

Le port de Marseille en 1943.

Soixante-seize ans après les faits, la justice française va enquêter sur un épisode relativement méconnu de la seconde guerre mondiale. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « crimes contre l’humanité » afin de retrouver d’éventuels responsables des persécutions et du transfert forcé en 1943 d’au moins 20 000 Marseillais lors de la rafle dite du Vieux Port, a appris l’Agence France-Presse (AFP) mardi 4 juin de source judiciaire.

L’enquête a été ouverte le 29 mai par le pôle du parquet de Paris spécialisé dans ce type de crimes imprescriptibles. Elle fait suite à une plainte déposée contre X par un avocat marseillais, Me Pascal Luongo, au nom de quatre survivants et de descendants de victimes.

Entre les 22 et 24 janvier 1943, une série de rafles, parmi les plus vastes avec celle du Vel’ d’Hiv’ six mois plus tôt à Paris, a été conduite dans les vieux quartiers de Marseille sur décision des nazis avec la collaboration active de Français sous les ordres de René Bousquet.

A Marseille, près de 800 juifs du quartier de l’Opéra ont été envoyés à la mort dans les camps d’extermination nazis, et tout un quartier populaire baptisé « la petite Naples », cœur historique de la cité phocéenne derrière le Vieux-Port, a fait l’objet d’une deuxième rafle, vidé de force de ses habitants, pour beaucoup des immigrés italiens, puis dynamité.

« Vers une juste reconnaissance d’un passé douloureux »

« On attend que les faits soient reconnus et qu’ils soient inscrits dans les livres d’histoire », a réagi auprès l’une des plaignantes, Antoinette Castagno, évacuée avec ses quatre frères et sœurs au petit matin du 23 janvier 1943, à l’âge de 9 ans. Entassée dans un wagon à bestiaux et transférée dans des baraquements insalubres à Fréjus (Var), sa famille était rentrée à Marseille une semaine après et avait trouvé son domicile saccagé et pillé : « Nous avons tout perdu et ça a été passé sous silence. »

L’ouverture d’une enquête judiciaire « est le premier pas vers une juste reconnaissance d’un passé douloureux. Toute leur vie, les survivants n’ont pas pu mettre de mots sur ce qu’il s’était passé », a déclaré mardi Me Pascal Luongo, dont le grand-père a fait partie des victimes de cette rafle. Les investigations ont été confiées à des policiers marseillais, qui vont pouvoir entendre des survivants, aujourd’hui octogénaires, a-t-il précisé.

Opération « Sultan »

Selon sa plainte, l’opération « Sultan » a conduit sur la rive nord du Vieux Port à l’évacuation d’environ 20 000 personnes, la destruction de 1 500 immeubles sur 14 hectares et le transfert forcé, dans des conditions inhumaines, de 12 000 personnes dans un camp de rétention à Fréjus. « Huit cents personnes parmi ces 12 000 seront déportées en Allemagne, notamment au camp de concentration d’Oranienburg-Sachsenhausen (…) et certaines y périront. »

« Cette population civile, ciblée pour son lieu d’habitation et ses origines, a vécu des arrestations arbitraires, persécutions, transferts forcés, déportations et atteintes volontaires à la vie, autant d’actes inhumains dans un plan concerté pour le compte d’un Etat, l’Allemagne nazie, mais aussi de l’Etat français de Vichy », souligne la plainte.

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Au-delà de la reconnaissance du crime contre l’humanité, les plaignants conservent l’espoir de retrouver des responsables ou complices encore vivants, anciens soldats allemands et policiers français, ou de mettre en cause des personnes morales ou les Etats allemand et français.

Le Monde avec AFP

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