Dioxines et PCB dans des œufs et du lait, phtalates dans des huiles d’olive… des produits bio touchés par la pollution

Crème et oeufs

Crème et oeufs MARCO VERCH/FLICKR

Une enquête de « 60 Millions de consommateurs » révèle des taux de substances chimiques dans le lait, les œufs et les huiles estampillés bio. En cause : la contamination des sols et de l’environnement.

Plusieurs études scientifiques l’ont démontré : les produits issus de l’agriculture biologique sont globalement meilleurs pour la santé que leurs équivalents conventionnels. On sait ainsi que ceux qui consomment régulièrement ces produits cultivés sans engrais chimiques et pesticides de synthèse, réduisent de 25 % leurs risques de cancer.

Pour autant, le bio n’est pas exempt de contaminations. Et c’est une sérieuse étude de la revue « 60 Millions de consommateurs » qui le dit, dans un hors-série publié ce mercredi 5 juin. L’association a passé au crible quelque 130 denrées de consommation courante (œufs, lait, céréales, pâte à tartiner, plats préparés, pommes, bananes…) et découvert que tout n’est pas parfait.

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Taux inquiétants

Si les fruits bio examinés par « 60 Millions » sont bien indemnes de résidus de pesticides, le lait et les œufs – très massivement consommés dans la gamme du bio – présentent, eux, des taux de dioxines et de PCB franchement inquiétants. Des taux même supérieurs à ceux de leurs équivalents conventionnels. Or, les dioxines sont des polluants cancérogènes, reprotoxiques (qui nuisent à la reproduction), toxiques pour le développement fœtal et qui abîment notre système immunitaire. Quant aux polychlorobiphényles (PCB), ce sont des « cancérogènes certains » pour l’humain, selon le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).

Comment expliquer que ces cochonneries chimiques se retrouvent dans le lait et les œufs bio plus que dans les non-bio ? Par un fait simple : les vaches et les poules élevées en bio se promènent plus souvent en plein air que les animaux du conventionnel. Un point positif pour leur bien-être, mais qui les expose à ingurgiter des dioxines, des molécules issues des rejets des incinérateurs voisins et qui viennent se déposer dans les sols.

L’étude de « 60 Millions » a également relevé la présence de phtalates – des plastifiants – dans certaines huiles d’olive bio. A l’inverse, certaines huiles « conventionnelles » en contenaient moins ou pas du tout. « Nous avons pu constater qu’une origine géographique, la Tunisie, était particulièrement en cause dans nos résultats », pointent nos confrères.

Polluants persistants

Quant aux PCB, interdits depuis trente ans en France, ils ont été utilisés par l’industrie entre les années 1930 et 1970 comme lubrifiants, et dans la fabrication de transformateurs électriques, de condensateurs, d’adhésifs, de peintures… A cause des rejets industriels fort peu réglementés, ils ont pollué les sols et les rivières. On ne les appelle pas « polluants organiques persistants » pour rien : ils se désagrègent très, très lentement dans l’environnement.

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Le souci, pointé par « 60 Millions de consommateurs », c’est que le cahier des charges de l’agriculture biologique, ne prévoit pas de contrôler les sols avant d’y autoriser l’installation d’un élevage ou d’une culture biologique. Et l’agriculteur peut convertir son champ en bio, même s’il est situé à proximité d’une installation polluante. En clair, à proximité d’une usine polluante ou d’un incinérateur, un exploitant peut, de bonne foi, se convertir au bio et laisser ses bêtes avaler des toxiques.

Une anomalie qui risque de jeter le discrédit sur des produits jugés meilleurs pour la santé par l’opinion et un problème sur lequel les fédérations bio devront se pencher en urgence.

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