La transfusion du sang de jeunes améliorerait les capacités du cerveau humain

Une étude américaine aurait identifié deux protéines dans le sang de jeunes donneurs qui seraient responsables de l’amélioration des connexions neuronales.
La transfusion du sang de jeunes améliorerait les capacités du cerveau humain

Une nouvelle étude publiée lundi 3 juin dans la revue scientifique PNAS affirme que la transfusion de sang issu de jeunes donneurs chez des personnes plus âgées permettrait d’améliorer leurs capacités cognitives. 

Une transfusion de sang pour lutter contre le vieillissement. C’est déjà ce qu’avait imaginé en 2005 un chercheur de Stanford aux États-Unis, qui avait cousu les corps de deux souris afin de réaliser une « parabiose », une expérience qui consistait à transfuser du sang issu d’une jeune souris dans l’organisme d’une souris plus âgée afin de lutter contre le processus de vieillissement. Mais on ignore encore ce qui, précisément, dans la composition du sang jeune, pourrait procurer une telle cure de jouvence. Plusieurs théories s’opposent : ce rajeunissement pourrait être dû à la protéine GDF11 ou à l’augmentation du débit sanguin, comme le soulignait le Guardian en 2014. 

Ce sont ces incertitudes qui ont motivé des chercheurs de la même université de Stanford, à creuser le sujet. Dans une étude publiée lundi 3 juin dans la revue scientifique PNAS, ces derniers ont identifié deux protéines qui seraient responsables de ce rajeunissement apparent : la thrombospondine 4 et la HEV (veinule à endothélium épais ou SPARCL1). Plus précisément, ces protéines auraient le pouvoir d’améliorer les capacités cognitives des humains. 

Une amélioration des capacités cognitives

Pour aboutir à ce résultat, l’équipe de Stanford a introduit du sang jeune, issu d’une souris de deux mois, dans des neurones humains. Afin d’effectuer une comparaison, ils ont aussi transfusé du sang d’une souris plus âgée - entre douze et quinze mois - dans d’autres neurones humains. Selon eux, le sang jeune aurait permis la formation de nouvelles synapses, ce qui améliore les capacités cognitives, alors que le sang de la souris plus âgée n’aurait eu aucun effet.  

Un échantillon de neurones humains montrant la présence de synapses et de dendrites (prolongements du neurone) dans trois cas : le groupe de contrôle, le groupe ayant reçu du sang vieux, et celui ayant reçu du sang jeune
Plusieurs échantillons de neurones humains montrant la présence de synapses et de dendrites (prolongements du neurone) dans trois cas : le groupe de contrôle, le groupe ayant reçu du « sang âgé », et celui ayant reçu du sang jeune / Stanford University

Quand les chercheurs ont transfusé uniquement les deux protéines au sein des neurones humains, la formation des synapses « s’est améliorée de la même manière et de façon aussi radicale  », écrivent-ils dans leur étude. Des résultats qui complètent les travaux du biologiste Miroslav Radman, qui nous expliquait le mois dernier que « l’horloge biologique du vieillissement est conditionnée par la corrosion et la rouille des protéines  ».

Des effets controversés

Les obsédés de l’immortalité n’ont pas attendu des réponses scientifiques sérieuses pour commencer à s’injecter ce sérum rajeunissant. Comme on le détaillait dans un article publié en février dernier, la startup californienne Ambrosia proposait jusqu’à février de transfuser des clients avec du sang de jeunes donneurs pour un montant de 8 000 dollars le litre. Jusqu’à ce que l’entreprise suspende ses traitements, en raison d’un avertissement de la Food and Drug Administration, l’agence américaine de régulation de l’alimentation et des médicaments. L’autorité « décourage fortement » d’avoir recours à de telles transfusions en l’absence de « bénéfice clinique prouvé  ». Ces pratiques pourraient même provoquer des risques d’infections, d’allergies, voire des risques cardiovasculaires et respiratoires.

Capture d'écran du site de la société Alkahest : « Des thérapies nées de la science du vieillissement »
Capture d’écran du site de la société Alkahest : « Des thérapies nées de la science du vieillissement »

Toujours à Stanford, une entreprise nommée Alkahest s’est lancée dans une expérience tout aussi vampirique en 2017, en transfusant du sang de jeunes donneurs dans l’organisme de neuf personnes âgées de plus de cinquante ans et souffrant de la maladie d’Alzheimer. Pendant un mois, les patients ont reçu une injection hebdomadaire de 250 ml de sang de volontaires entre 18 et 30 ans. Les chercheurs en ont conclu que ces transfusions sanguines étaient « sûres et bien tolérées  » et que certains patients avaient vu leur capacités cognitives s’améliorer, à travers une meilleure conscience de soi ( « sense of self ») et une meilleure reconnaissance de leur environnement, comme l’explique le CEO de l’entreprise Karoly Nikolich au média Business Insider. 

Toutefois, l’entreprise admet que ces résulats mériteraient d’être complétées par des études réalisées sur des échantillons plus larges. Si ces dernières venaient à se muliplier au sein d’insitutions scientifiques sérieuses, la transfusion de sang pourrait bien devenir un traitement potentiel contre les maladies neurodégénératives comme Alzheimer. Une autre option pourrait être de n’injecter que les protéines identifiées par les chercheurs. Au risque de perdre l’effet placebo des adeptes de transfusions vampiriques. 

 

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