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Le ministre japonais du Travail veut des femmes en talons hauts

De jeunes salariées japonaises se révoltent contre les codes vestimentaires sexistes qui leur sont imposés de manière tacite dans les entreprises et les administrations du pays. Le gouvernement conservateur trouve ces standards « nécessaires et appropriés ».

« Aujourd'hui, nous avons déposé une pétition pour demander une loi interdisant aux employeurs de forcer les femmes à porter des talons, ce qui est de la discrimination sexuelle et constitue un harcèlement », a expliqué la jeune comédienne et hôtesse d'accueil Yumi Ishikawa
« Aujourd'hui, nous avons déposé une pétition pour demander une loi interdisant aux employeurs de forcer les femmes à porter des talons, ce qui est de la discrimination sexuelle et constitue un harcèlement », a expliqué la jeune comédienne et hôtesse d'accueil Yumi Ishikawa (Charly Triballeau/AFP)

Par Yann Rousseau

Publié le 6 juin 2019 à 06:57

Au Japon, les réseaux sociaux se déchaînent, ce jeudi matin, contre un ministre japonais ayant pris une position très conservatrice dans le débat sur les codes vestimentaires imposés aux femmes du pays. Interpellé au Parlement sur l'imposition tacite faite aux employées de porter des chaussures à talons pendant leurs heures de travail, le ministre de la Santé, du Travail et des Affaires sociales, Takumi Nemoto, a expliqué, mercredi, que cette coutume était tout à fait normale. « C'est quelque chose qui est socialement accepté et qui tombe dans le domaine de ce qui est professionnellement nécessaire et approprié », a ainsi expliqué le ministre du gouvernement conservateur de Shinzo Abe.

Il réagissait à la montée d'un mouvement de révolte de jeunes salariées contre la mode des escarpins à talons. Depuis février dernier, plusieurs personnalités du pays se sont exprimées pour soutenir une pétition lancée en ligne sur le site Change.org par la jeune comédienne et hôtesse d'accueil Yumi Ishikawa.

#KuToo

Près de 19.000 personnes ont signé en ligne sa campagne contre les talons baptisée « #KuToo » en japonais, un habile jeu de mots mêlant les mots « kutsu » (chaussure) et « kutsuu » (douleur) et faisant référence dans le même temps au mouvement #MeToo qui n'avait pas eu beaucoup d'échos au Japon. Plusieurs femmes ont même posé sur les réseaux des photos de leurs pieds traumatisés et blessés après une journée de travail dans ces chaussures inconfortables.

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Mercredi, Yumi Ishikawa a remis sa pétition à des hauts fonctionnaires du ministère de la Santé et du Travail avec l'espoir de les sensibiliser au sujet. « Aujourd'hui, nous avons déposé une pétition pour demander une loi interdisant aux employeurs de forcer les femmes à porter des talons, ce qui est de la discrimination sexuelle et constitue un harcèlement », a-t-elle expliqué.

Obsession de l'uniformité

Les supportrices du #KuToo racontent que les entreprises ou les administrations ne forcent pas formellement, avec un règlement interne, leurs employées à porter en permanence des escarpins à talons, mais que la pression tacite des responsables hiérarchiques rend impossible toute tenue plus confortable.

L'obsession de l'uniformité est telle que les jeunes salariées portent toutes le même ensemble bleu marine sur des chemisiers blancs et affichent des coupes de cheveux similaires. Leurs escarpins sont forcément noirs. Autant de codes de beauté qui ont été définis, la plupart du temps, par des hommes. Ceux-ci obéissent à des standards vestimentaires, mais beaucoup moins douloureux ou sexistes.

Très remontés contre les commentaires du ministre, des internautes appellent, ce jeudi, Takumi Nemoto à relever le défi de porter une journée entière des escarpins à talons pour mieux appréhender le sujet. Le ministère n'a pas donné suite.

Yann Rousseau (Correspondant à Tokyo)

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