S’engager à ne rien acheter de neuf pendant un an, participer à un défi de réduction de la consommation, ramasser le maximum de déchets dans la mer en kayak… Les associations utilisent de plus en plus notre esprit de compétition pour faire du bien à la planète, en mettant en place différents challenges. Avec succès.

Prendre la pose à côté des poubelles ? C’est la dernière tendance sur les réseaux sociaux ! Pour preuve, les hashtags #Trashtagchallenge, #tenyearschallenge #plasticparadise cumulent des centaines de milliers de posts… Le but est se prendre en photo dans un endroit jonché de déchets et reprendre la même pose une fois les détritus collectés et le lieu nettoyé par ses soins. Pas de classement à la clé, mais plus le nettoyage est impressionnant et plus on est récompensé en likes et autres signes de reconnaissance.
Ces derniers temps, ces challenges photogéniques se multiplient sur les réseaux, motivant jeunes et influenceurs à se retrousser les manches. Mais ils sont loin de de cantonner à la réalité virtuelle. Dans la vraie vie aussi, les défis ont la cote… Il y a quelques jours, à Marseille, 80 personnes se sont engagées dans une compétition européenne de kayak de mer un peu spécifique puisqu’il s’agissait en même temps de récupérer les détritus trouvés sur le passage… En pagayant entre pansements, bouteilles et trottinettes, l’effort a payé : 1,2 tonne de déchets ont été récupérés sur les 8 kilomètres de parcours !
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Sensibiliser et mobiliser…sans culpabiliser !
Se servir de l’esprit de compétition pour faire du bien à la planète est désormais un levier bien éprouvé des associations environnementales pour changer les comportements sur le long terme. Dès 2008, l’association Prioriterre a initié les "Familles à énergies positives". Le défi : sur quatre à cinq mois réduire sa consommation énergétique et d’eau d’au moins 8 % par rapport à l’hiver précédent. L’idée est de démontrer qu’il est possible de lutter efficacement contre les émissions de gaz à effet de serre de façon individuelle et collective, en faisant des économies financières.
Aujourd’hui, le CLER – réseau pour la transition énergétique -, qui coordonne ce défi à l’échelle nationale comptabilise plus de 45 000 foyers participants. Ceux-ci ont réduit de 12 % en moyenne leur consommation énergétique, avec des économies financières d’environ 200 euros. Mais surtout, "ils ont eu toutes les clés pour changer durablement leur comportement grâce à un accompagnement qui leur permet de mieux comprendre le système énergétique, le fonctionnement de leurs appareils et leurs leviers d’action. Pour beaucoup, cela a aussi permis de lever les freins psychologiques à la rénovation thermique de leur logement car ils ont vu ce qu’ils avaient à y gagner", selon Julien Camacho du CLER.
Autre type de défi en vogue, celui du zéro déchet. Le principe est le même : des foyers s’engagent dans un défi de plusieurs mois, souvent par équipe, avec des ateliers et des échanges de conseils. "Cela permet de se rendre compte de la quantité de ce que l’on jette et c’est impressionnant !", souligne Isabelle Clouet, organisatrice de ce type de challenges.
"Au final, on se rend compte que pour réduire significativement nos déchets, il faut changer notre façon d’acheter, en privilégiant le vrac par exemple, mais aussi nos modes de vie : en cuisinant davantage et en pratiquant le compostage. Ce qui est stimulant, en plus du défi – que l’on se met surtout à soi-même – ce sont les échanges entre participants, les conseils que l’on se donne", ajoute-t-elle. Un esprit de corps bienvenu lorsque l’on éprouve des difficultés à trouver des alternatives. Et elles sont évidemment présentes comme le montrait récemment le défi "zéro plastique" que s’était fixé notre journaliste Marina Fabre.
Changer les comportements durablement, à grande échelle
Ces aspects à la fois fédérateurs, ludiques et de compétition sont à la base du succès de ces challenges selon Manon Cuillé, responsable des groupes locaux de Zéro Waste France. L’association utilise ainsi régulièrement ce type d’action pour mobiliser et sensibiliser à de nouvelles problématiques. Parmi les derniers exemples en date le défi "rien de neuf en 2019", un challenge ambitieux "destiné à faire prendre conscience des déchets invisibles du gaspillage non alimentaire".
Lancé fin 2018, il a séduit 20 000 particuliers, même si tous n’iront peut-être pas jusqu’au bout, il ne s’agit pas de les culpabiliser mais de dispenser conseils et astuces pour changer les modes de consommation. D’autres défis, comme le "marathon commerçants zéro déchets" sont plus politiques. Fin mai, une quarantaine de groupes locaux Zero Waste ont frappé à la porte des commerçants et convaincu 650 d’entre eux d’accepter et de promouvoir les emballages réutilisables auprès de leurs clients.
Les élus s’emparent eux-mêmes de ce type de défi pour impulser une politique publique. À Roubaix, le défi zéro déchet lancé par la ville depuis cinq ans a permis de convertir à la démarche des centaines de familles, y compris parmi les plus modestes. Cela a aussi permis de créer un écosystème économique local intégrant la logique zéro déchet.
Béatrice Héraud @beatriceheraud   

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