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Ce couple de la Somme enfermait sa fille dans un placard pour l'empêcher de dépasser le poids de 50 kg

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Un médecin de Péronne (à l'est de la Somme) et sa femme étaient jugés ce jeudi devant le tribunal correctionnel d'Amiens pour avoir infligé une série de mauvais traitements à leur fille aînée. La jeune femme était étudiante en médecine à Paris au moment des faits.

Une salle d'audience du palais de justice d'Amiens
Une salle d'audience du palais de justice d'Amiens © Radio France - Claudia Calmel

Cette fille aînée, c'est Lindsay : 22 ans aujourd'hui, 19 ans au moment des faits. Ses parents sont très tatillons sur la question des études. C'est d'ailleurs après de mauvaises notes pendant sa première année de médecine que les sessions d'enfermement ont commencé en janvier 2015. Mais l'autre problème pour sa mère, c'est le poids de Lindsay. La jeune femme n'est pourtant pas bien épaisse quand elle s'avance à la barre du tribunal pour témoigner. On a, de fait, un peu de mal à comprendre pourquoi à l'époque la mère demande au père, médecin à l'hôpital de Péronne, de calculer le poids de forme de leur fille. Le chiffre tombe : 47,5 kg. Ou 50 kg, tout au plus. 

Coups de ceinture et cagibi

Quand, par malheur, il arrivait à Lindsay de dépasser ce seuil, une série de mesures lui étaient imposées : pesée matin et soir, jogging obligatoire, privation de dessert ou de nourriture. Et parfois même des coups de ceinture par dizaines, voire par centaines. Des faits qui se produisaient généralement le week-end ou pendant les vacances scolaires. Pendant la semaine, Lindsay était étudiante à Paris. 

Il y a aussi eu ces sessions d'enfermement dans le cagibi de l'appartement familial. Une pièce de moins de 3 m² où Lindsay dit avoir passé un mois et demi à l'été 2015. Les parents nient toute intention de séquestration : Lindsay y avait ses livres pour étudier. Elle pouvait demander à sortir pour aller aux toilettes ou pour prendre l'air et la porte n'était pas fermée à clé.

Un huis-clos familial violent

Alors pourquoi cette obsession pour le poids de la jeune fille ? C'est la question qui taraude le tribunal. La mère raconte son enfance au Cambodge. Abandonnée par sa mère dans une forêt, livrée à elle même dès l'âge quatre ans et obligée de se nourrir de déchets et de restes destinés aux animaux. Elle en a gardé un rapport pathologique à la nourriture

A l'audience, elle se désigne comme la seule responsable de ce qu'elle qualifie elle-même de drame familial. Elle affirme avoir pris conscience de la gravité de ses actes pendant le mois et demi qu'elle a passé en détention provisoire. Elle dit avoir fait un gros travail avec des psychologues. Et finit par éclater en sanglots en suppliant ses enfants de lui pardonner son comportement. 

Le tribunal demande aussi au père, pourtant médecin et chef de service, comment il a pu laisser passer tout ça. Il est même décrit comme le bras armé de sa femme, celui qui enfermait  et infligeait les coups à Lindsay. A la barre, il s'excuse : _"Je suis un lâche, j'étais sous emprise, comme dans la secte de ma femme. Chez nous, au Cambodge, on ne divorce pas : je ne voulais pas créer de conflit avec mon épouse. J__'aurais dû réagir en tant que père et en tant que médecin._" Il affirme que la plupart des coups qu'il infligeait à sa fille était simulés, qu'il s'exécutait juste pour calmer la colère de sa femme. Ce que confirme Lindsay à l'audience.

Lindsay n'avait pas revu ses parents depuis quatre ans. Ses deux petits frères ont été placés. Le plus grand d'entre-eux, âgé de 18 ans, a renoué des liens avec sa famille depuis qu'il est majeur. Le plus petit, âgé de 10 ans, est en famille d'accueil.

Le procureur a demandé 10 mois de prison ferme et 5 mois avec sursis contre les deux parents. La décision sera rendue le 4 juillet.

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