Une exceptionnelle œuvre gravée du Paléolithique découverte à Angoulême

Une exceptionnelle œuvre gravée du Paléolithique découverte à Angoulême
Bloc de grès gravé découvert à Angoulême (-12 000 ans) ©Inrap/Denis Gliksman

Les équipes de l'Inrap viennent de mettre au jour, à Angoulême, ce qui pourrait bien être l'un des derniers témoignages connus d'art figuratif de la fin du Paléolithique. Cette découverte éclaire l'histoire de la représentation chez l'homo sapiens.

Et si notre conception de l’histoire de l’art préhistorique pouvait être remise en question par un simple galet ? Un bloc de grès récemment exhumé par les archéologues de l’Inrap dans le quartier de la gare d’Angoulême ouvre en effet de nouvelles perspectives de recherche quant à l’évolution de la représentation entre la fin du Paléolithique et le début du Néolithique. Les pratiques artistiques de cette période intermédiaire, dite Épipaléolithique ou Mésolithique (14 000-6000 av. J.-C. en France), sont à ce jour peu documentées et se caractérisent par un certain abandon de la figuration au profit de l’abstraction. Parmi les artefacts les plus représentatifs de cet art de transition, citons notamment les galets peints de décors géométriques colorés de la culture azilienne, découverts à la fin du XIXe siècle par Édouard Piette sur le site éponyme du Mas-d’Azil (Ardèche). Or, c’est précisément un site azilien que les archéologues de l’Inrap ont fouillé pendant plusieurs mois dans le quartier de la gare d’Angoulême avant de mettre au jour un galet de 25 cm de long sur 18 cm de large présentant un décor gravé naturaliste tout à fait exceptionnel et surprenant. Celui-ci associe à un décor géométrique cinq représentations d’herbivores, probablement des cerfs, des aurochs et des chevaux. Le motif le plus identifiable est celui d’un cheval acéphale, tourné vers la droite, dont les lignes du corps épousent les courbes de la pierre et sur lequel de fines incisions suggèrent peut-être le pelage. Le souci de réalisme y est tout à fait marqué tant dans le traitement général de l’animal que dans la création de différents plans pour suggérer une perspective. Cette œuvre prouve donc la continuité d’une expression artistique figurative naturaliste entre le Magdalénien, période d’apogée de la peinture pariétale, et l’Azilien récent, avant l’apparition de nouveaux codes graphiques dans les cultures néolithiques.

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