Accéder au contenu principal
TURQUIE

La photo tape-à-l'oeil de l'épouse d’un ministre turc fait scandale

La photo montre la femme du ministre de la Culture et du Toursime, à droite, en train de recevoir un baiser et de donner 100 dollars à l'une de ses employées.
La photo montre la femme du ministre de la Culture et du Toursime, à droite, en train de recevoir un baiser et de donner 100 dollars à l'une de ses employées.
Publicité

Cette photo a fait scandale ces derniers jours en Turquie. On y voit la femme du ministre de la Culture et du Tourisme se faire embrasser la main par une jeune fille, tout en lui tendant un billet de 100 dollars, le tout dans un hôtel de luxe de la riviera turque. Cet étalage de richesses a fait grincer des dents sur les réseaux sociaux, alors que le pays subit une crise économique qui s’est aggravée depuis 2018. Selon certains internautes, cette image montre aussi que le parti au pouvoir, autrefois proche des classes défavorisées, s’est constitué en nouvelle élite dominante.

Embrasser la main d’un aîné et recevoir une étrenne est une tradition du bayram, équivalent turc de la fête de l’Aïd qui célèbre la fin du ramadan.

Capture d'écran de la photo publiée sur Instagram le 4 juin, depuis supprimée. 

Mais la photo publiée le 4 juin par Pervin Ersoy, épouse du ministre turc Mehmet Ersoy, sur son compte Instagram, en est une version jugée tape-à-l’œil par beaucoup. Elle pose dans une chambre d’un hôtel cinq étoiles qui appartient à son mari, le Maxx Royal Kemer Resort, situé sur la riviera turque (côte sud), et tend à une de ses employées un billet de 100 dollars, sourire aux lèvres.

Elle s’est ensuite justifiée en expliquant avoir voulu faire une blague.

 

Des dollars en pleine "bataille" économique contre l’Occident

L’utilisation de la monnaie américaine a suscité de nombreuses réactions, aussi bien de la part d’internautes pro et anti gouvernement.

Une internaute affichant son soutien au président note ainsi que Pervin Ersoy "utilise une employée qui a l’air d’un enfant", "porte des lunettes de soleil à l’intérieur" et "comme si ça ne suffisait pas, utilise des dollars". "Il serait judicieux de rappeler à votre épouse que votre bureau représente le Parti de la justice et du développement, le président Recep Tayyip Erdoğan et le peuple", lance-t-elle sur Twitter au ministre Mehmet Ersoy.

"Absence de valeurs nationales, nouveaux riches", lance un autre internaute, tandis que le député d’opposition du Parti républicain du peuple Barış Yarkadaş s’étonne : "Le président Recep Tayyip Erdoğan avait déclaré qu’il menait une bataille contre le dollar […] Je suis surpris de ce que vous faites".

En août 2018, le président turc Recep Tayyip Erdoğan avait demandé à ses compatriotes de changer leur devises étrangères contre des livres truques. Selon lui, l’utilisation du dollar est antipatriotique, puisqu’elle serait un outil permettant aux puissances occidentales de mettre à mal l’économie nationale.

LIRE SUR LES OBSERVATEURS >> Les pro-Erdoğan font du zèle pour doper la livre turque face au dollar : "Ça n’aura aucun effet"

En 2018, la monnaie turque avait subi une forte dévaluation de 30 % et, pour les quatre premiers mois de 2019, elle a déjà baissé de 10 %.

Le parti d’Erdoğan devenu un clan de "nouveaux riches" ?

Alors qu’une deuxième campagne politique fait rage en Turquie pour l’élection municipale d’Istanbul, rejouée après une victoire de l’opposition, ce tweet serait pour certains une allégorie du fossé qui s’est progressivement creusé entre le parti islamo-conservateur et les classes populaires turques.

"Pour sa première campagne électorale en 2002, l'AKP avait pour slogan "la voix des sans-voix, le parent des orphelins". Cette photo partagée par la femme du ministre du Tourisme montre à quel point 17 ans de pouvoir l'ont éloigné du peuple, laissant un espace à l'opposition", résume le journaliste français Guillaume Perrier.

"Les deux côtés du pays : d’une part, l’épouse du ministre Pervin Ersoy donne 100 dollars à une employée qui lui embrasse la main et, d’autre part, une jeune professeure, Kevser Abdulkadiroğlu se suicide parce qu’elle n’a pas été titularisée et qu’elle devait donner des cours privés pour 50 livres turques [7,60 euros]", écrit ci-dessus un internaute, faisant référence à un fait divers récent en Turquie.

 

"C’était une plaisanterie", répond la femme du ministre

Suite au scandale, la femme du ministre a supprimé la photo de son compte Instagram et publié un message d’explications dans lequel elle explique avoir voulu imiter le comportement d’un célèbre chanteur turc, filmé en train de distribuer de l’argent à sa famille :

 

J’ai déjà expliqué la plaisanterie, arrêtez s’il vous plaît. [Le chanteur] Alişan avait déjà distribué de l’argent à ses neveux [dans une vidéo virale], nous avons juste rigolé. J’ai bien écrit ; "Nous avons fait une blague à l’une de nos employées". Arrêtez s’il vous plaît, suis-je si stupide ?

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.