De l'Europe à l'Asie en passant par l'Afrique, les concentrations d'antibiotiques relevées dans certaines rivières du monde dépassent largement les niveaux acceptables, met en garde une étude présentée début juin.

Ils sont présents dans les rivières et les fleuves du monde entier. Les antibiotiques contaminent les eaux et se faisant, participent à la diffusion de l’antibiorésistance, l’un des grands fléaux mondiaux.
Sur 711 sites analysés dans 72 pays sur six continents, une équipe de chercheurs britanniques a détecté au moins un des 14 antibiotiques recherchés dans 65% des échantillons. Les scientifiques ont comparé ces prélèvements aux niveaux acceptables établis par le groupement d’industries pharmaceutiques AMR Industry Alliance, qui varient selon la substance. Beaucoup dépassent ces seuils.
Métrodinazole, Ciprofloxacine et Thriméthoprime : le trio infernal
Le métronidazole, utilisé contre les infections de la peau et de la bouche, est l’antibiotique qui dépasse le plus ce niveau acceptable, avec des concentrations allant jusqu’à 300 fois ce seuil sur un site au Bangladesh. Le niveau est également dépassé dans la Tamise. La ciprofloxacine est de son côté la substance qui dépasse le plus souvent le seuil de sûreté (sur 51 sites), tandis que le triméthoprime, utilisé dans le traitement des infections urinaires, est le plus fréquemment retrouvé.
"Jusqu’à aujourd’hui, le travail sur les antibiotiques a majoritairement été fait en Europe, en Amérique du Nord et en Chine. Souvent sur seulement une poignée d’antibiotiques", a souligné le Dr John Wilkinson. Selon cette nouvelle étude, les niveaux acceptables sont ainsi le plus souvent dépassés en Asie et en Afrique, mais les autres continents ne sont pas non plus épargnés, témoignant d’un "problème mondial". Les sites les plus problématiques se trouvent au Bangladesh, au Kenya, au Ghana, au Pakistan et au Nigeria.
La contamination des rivières, nouveau facteur d’antibiorésistance
Depuis leur découverte dans les années 1920, les antibiotiques ont sauvé des dizaines de millions de vies en luttant efficacement contre des maladies bactériologiques comme la pneumonie, la tuberculose et la méningite. Mais au fil des décennies, les bactéries se sont modifiées pour résister à ces médicaments. Au point que l’Organisation mondiale de la santé a averti que le monde allait manquer d’antibiotiques efficaces.
Les bactéries peuvent devenir résistantes quand les patients utilisent des antibiotiques dont ils n’ont pas besoin ou ne terminent pas leur traitement, donnant ainsi à la bactérie une chance de survivre et de développer une immunité. Mais les chercheurs de York évoquent aussi un lien avec leur présence dans l’environnement. "De nouveaux scientifiques et dirigeants reconnaissent désormais le rôle de l’environnement dans le problème de la résistance aux antibiotiques. Nos données montrent que la contamination des rivières pourrait y contribuer de façon importante", a insisté un autre auteur, Alistair Boxall, évoquant des résultats "inquiétants".
Selon le chercheur, "résoudre le problème est un défi monumental et va nécessiter des investissements dans les infrastructures de gestion des déchets et des eaux usées, des règles plus strictes et un nettoyage des sites déjà contaminés".
La Rédaction avec AFP

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