Iran : le pouvoir met en place un numéro spécial pour dénoncer les «actes immoraux»

    Des centaines de cafés sont fermées à Téhéran pour « atteinte à la morale islamique ». De nouveaux outils - une ligne de téléphone et un nouveau tribunal - doivent permettre de faire d’autres signalements.

     ARCHIVE. Dans les rues de Téhéran, des fresques murales rappellent que l’ennemi est américain et occidental.
    ARCHIVE. Dans les rues de Téhéran, des fresques murales rappellent que l’ennemi est américain et occidental. AFP/Atta Kenare

      La police religieuse iranienne n'est pas près de relâcher sa vigilance et bientôt les délateurs auront une ligne directe. Ces dix derniers jours, selon le bilan dressé par les autorités samedi, elle a fermé 547 restaurants et cafés à Téhéran pour atteinte à la « morale islamique ». Onze patrons ont été arrêtés, a aussi déclaré le général Hossein Rahimi, chef de la police pour la capitale.

      Selon l'agence Fars, proche des conservateurs, ces fermetures ont lieu dans le cadre d'une opération de lutte contre « la publicité non conforme sur Internet », l'utilisation « de musique illégale » et l'incitation à « la débauche ».

      La répression ne touche pas que les femmes qui, quarante ans après la révolution islamique en Iran, tentent de défier la chape morale des ayatollahs en retirant leur voile en public. Selon Mizan online, un site dépendant du ministère de la Justice, un numéro spécial va être mis en place pour permettre à tout un chacun de dénoncer, par un simple SMS, les « actes immoraux » commis dans l'espace public. « Les gens aimeraient signaler ceux qui enfreignent les normes mais ils ne savent pas comment faire », affirme le juge Mohammad Mehdi Hajmohammadi, président d'un nouveau tribunal chargé à Téhéran de juger « les crimes culturels et la corruption morale et sociale ». L'alcool, les soirées dansantes réunissant des hommes et des femmes, celles qui ôtent leur voile dans la rue ou dans leur voiture, ceux qui publient des contenus sur Instagram, pourront être poursuivis sur simple délation.

      Les risques pris par Negzzia, mannequin iranienne et féministe convaincue, pour se réfugier à Paris, montrent l'ampleur de la tâche pour des femmes qui veulent vivre librement hors des canons les plus stricts de la religion. Et pour celles qui voudraient les défendre avec des arguments de droit, c'est la prison, comme pour l'avocate militante Nasrin Sotoudeh.