SPORT - Entre les femmes et les hommes, les inégalités persistent dans le football. Mais l’engouement n’a jamais été tel que pour la Coupe du monde qui commence ce vendredi 7 juin par le match d’ouverture France - Corée du Sud.
Avant d’en arriver à cette grande compétition internationale, le football féminin a très longtemps été décrié et moqué, les archives de presse en témoignent.
Il faut savoir que c’est en Grande-Bretagne que s’inscrit d’abord l’histoire de la pratique féminine du football. “Si, durant le XIXe siècle, la discipline demeure exclusivement masculine, les années 1880 marquent un tournant. En mai 1881 se tient la première rencontre ‘internationale’ de football féminin opposant l’Écosse à l’Angleterre, à Édimbourg”, écrit l’ex journaliste Claire Gaillard dans son livre “La grande histoire des Bleues”. Au milieu des années 1890, le premier club de foot féminin voit le jour.
À partir de 1850, rapporte Retronews, le football se démocratise dans les îles britanniques et il devient à la fin de ce siècle un terrain pour les militantes pour l’égalité des droits femmes-hommes.
C’est ce que souligne non sans ironie le journal L’Excelsior le 7 avril 1914 en faisant explicitement un lien entre les suffragettes et les joueuses de football qui osent tâter du ballon “ni plus ni moins que leurs frères ou leurs époux (...)”.
Si quelques années plus tard, le football s’est encore un peu plus féminisé avec l’arrivée des premiers matches après guerre, il est encore loin d’être vu d’un bon œil. Le Siècle du 26 mars 1919 écrit par exemple le mot “athlètes” entre guillemets et estime que ce sport est “un peu dur pour la plupart des anatomies féminines”.
Pourtant, deux jours plus tôt, L’Œuvre flattait de son côté le jeu de ces mesdames. “Le football féminin, qui n’est qu’à son début, est certainement d’adaptation possible. Ce n’est ni laid ni ridicule, et cet essai est purement courageux”, peut-on lire dans l’édition du 24 mars 1919.
En mai 1920, on peut découvrir des photographies d’un match France-Angleterre.
Mais en 1921, la Football Association (fédération anglaise de football) interdit aux femmes d’aller sur le terrain. En France, c’est la même chose. “En dépit de l’engouement naissant et afin de ne pas concurrencer le football masculin, la fédération anglaise interdit la pratique féminine en 1921”, écrit Claire Gaillard. “C’est un coup dur pour la France qui s’inspirait jusqu’ici de l’avant-gardisme britannique”. En 1933, la discipline est radiée par la Fédération jusqu’à s’éteindre progressivement jusqu’à la fin de la seconde Guerre mondiale.
Et cela se ressent dans les journaux, où l’offensive contre le football féminin se poursuit comme en témoignent ces quelques mots dans Le Gaulois du 30 octobre. “L’athlétisme de compétition et surtout le football ne sont pas des sports pour la femme: et c’est nuire à la cause de l’éducation physique féminine que de multiplier ces exhibitions dont la critique est si facile à faire. Il ne faut rien exagérer; le football féminin est une exagération.”
“Le Matin” du 8 décembre 1921 déplace un peu le problème. Ce n’est pas le jeu des femmes, mais bien le fait que l’Angleterre en aurait fait une “attraction, un spectacle” suscitant la “curiosité”, qui a rendu ce sport si décrié.
Il faudra attendre la fin de la seconde Guerre mondiale pour que le football féminin recommence à se démocratiser, jusqu’à l’essor qu’il connaît aujourd’hui autour de cette Coupe du monde.
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