A peine engagé dans la campagne pour la succession à Theresa May qui démarre ce lundi, Boris Johnson s’est dit prêt à un bras de fer avec l’UE dans les négociations sur le Brexit. Dans un entretien au Sunday Times, l’ancien ministre des Affaires étrangères a menacé de ne pas payer la facture du Brexit.

“Je pense que nos amis et partenaires doivent comprendre que l’argent sera conservé jusqu’à ce que nous soyons plus au clair sur ce qui nous attend. Pour obtenir un bon accord, l’argent est un excellent solvant et un très bon lubrifiant”, affirme Boris Johnson. La “facture du Brexit” correspond à la part des engagements financiers que Theresa May a accepté en décembre de verser aux prochains budgets européens, soit une somme de 35 à 39 milliards de livres (39 à 44 milliards d’euros).

“Il est naïf de croire que l’UE cédera au chantage financier”

“M. Johnson n’aime peut-être pas le fait que Theresa May ait concédé 39 milliards de livres à un stade relativement précoce des négociations, mais celui qui deviendra Premier ministre devra vivre dans le monde réel et non dans l’univers parallèle confortable dans lequel le leadership des Tories semble évoluer” note The Independent, dans un éditorial.

“Le successeur de Mme May aura peut-être une petite chance de pouvoir relancer les négociations s’il agit de manière constructive, peut-être en modifiant légèrement le “backstop” irlandais, mais il est naïf de croire que l’UE cédera au chantage financier. Au contraire, cela ne fera que renforcer le pouvoir de certains au sein de l’UE, y compris d’Emmanuel Macron, qui sont prêts à se débarrasser d’un voisin qu’ils considèrent comme gênant” conclut le quotidien.

L’entourage du président français a réagi dimanche aux propos du favori au poste de Premier ministre britannique en déclarant que “ne pas honorer ses obligations de paiement” était “un non-respect d’engagement international équivalent à un défaut sur sa dette souveraine, avec les conséquences que l’on connaît”.

Outre ses déclarations au Sunday Times, Boris Johnson a affirmé dimanche au Daily Telegraph, quotidien pour lequel il écrit une chronique hebdomadaire, qu’il proposerait de baisser les impôts pour les classes moyennes. Une mesure estimée à 9,6 milliards de livres (10,8 milliards d’euros) par an qui serait financée par l’argent actuellement mis de côté dans le budget du gouvernement pour faire face aux conséquences du Brexit.

Une campagne qui séduit jusqu’aux modérés

Alors que les onze candidats au poste de chef du Parti conservateur britannique déposent officiellement leurs candidatures lundi, Boris Johnson fait actuellement la course en tête. Le Guardian s’est penché sur la campagne de “Bojo” qu’il prépare avec soin depuis plusieurs semaines. Son équipe “limite ses apparitions dans les médias et tente de minimiser les risques de gaffes tout en essayant de séduire les membres du Parlement qui hésitent encore à le soutenir”, raconte le quotidien.

“Le professionnalisme de sa campagne – très loin de ses efforts désordonnés au lendemain du référendum sur l’UE de 2016 – lui a valu le soutien” de personnes inattendues, “unissant des Brexiters durs tels qu’Owen Paterson et Jacob Rees-Mogg aux modérés Johnny Mercer et Damian Collins, lequel avait affirmé par le passé qu’il soutenait un deuxième référendum” note The Guardian.