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La vie après les gangs de rue: «j’ai détruit des vies»

Denis Blanchette a mené un groupe de trafiquants de stupéfiants à Ottawa

GEN-DENIS-BLANCHETTE
Photo Agence QMI, BRIGITTE NOEL


Un homme au lourd passé criminel qui a cofondé un organisme d’aide aux gens en situation d’itinérance fait aujourd’hui tout ce qu’il peut pour que les jeunes vulnérables ne tombent pas entre les griffes du crime organisé.  

Denis Blanchette a passé 15 ans dans les rues d’Ottawa où il est devenu le leader d’un groupe de trafiquants de stupéfiants. 

 «J’ai détruit des vies», raconte aujourd’hui le créateur de l’organisme «Un jour d’espoir». 

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«Il y a bien des affaires que j’ai faites, dont je ne suis pas fier », ajoute-t-il dans le plus récent épisode de Narcos PQ, sur QUB radio, qui porte sur l’implication des gangs de rue dans le narcotrafic d’envergure.          

  • ÉCOUTEZ le dernier épiosde de Narcos PQ sur QUB Radio:   

  

Leçons à partager  

«C’est mon parcours qui m’aide à apporter de l’aide dans la société, à faire comprendre aux jeunes de ne pas faire les mêmes gaffes que j’ai faites», dit l’homme originaire du secteur de Hull, à Gatineau, qui consacre maintenant sa vie à visiter des écoles et à mettre sur pied des campagnes de sensibilisation afin de contrer l’itinérance et la solitude.      

Le quadragénaire raconte avoir vécu une enfance ponctuée de violence, d’inceste et d’intimidation. Sa vulnérabilité en a fait une proie facile pour les gangs de rue.      

Violence et pouvoir  

«Je faisais des coups de cochon partout. Plus le monde me rejetait, plus je devenais négatif, j’en voulais à tout le monde», explique l’homme qui a quitté le bercail familial à 16 ans pour vivre dans les rues du centre-ville d’Ottawa. C’est là qu’il avait rencontré une petite bande itinérante qui lui a offert camaraderie et protection.      

«Ils m’ont tout montré. Ils m’ont montré à me défendre, ils ont vu le potentiel que j’avais», soutient-il au sujet des hommes avec qui il s’est initié à la criminalité.      

C’est au sein d’un gang émergent à Ottawa que Denis Blanchette s’est fait les dents, en trafiquant de la cocaïne et de l’acide avec un groupe de quelques dizaines d’adolescents.      

«C’était la première fois que je goûtais à la force et au pouvoir, raconte-t-il. C’était la survie, aussi.»      

Son groupe a fini par tisser des liens avec des gangs de rue plus établis, des associations qui ont mené à plusieurs conflits sanglants.      

Denis Blanchette se souvient même d’avoir été kidnappé par un gang rival et séquestré pendant un mois.      

«Dans ces moments-là, ce qui m’a fait survivre, c’est que je n’ai jamais eu peur de la mort», dit-il, ajoutant qu’il a lui-même été l’auteur de plusieurs actes violents.      

Ce n’est qu’après la mort de plusieurs des membres de sa bande, dont son petit frère adolescent, que Denis Blanchette a décidé de changer de cap.      

«Je me suis beaucoup blâmé, mais aujourd’hui je comprends que ce n’est pas de ma faute, c’est [le cheminement] que l’on m’a donné.»      

Denis Blanchette se dit fier de pouvoir utiliser son vécu pour aider les jeunes. «Je n’aurais jamais pensé devenir une source d’inspiration, confie-t-il. C’est bizarre, mais c’est valorisant.»  

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