On est aspiré dans le vortex de sa vie sexuelle et amoureuse. Le flot de paroles est frénétique. Le ton est brut. Dans son premier roman, Dans ma chambre (1996), l’écrivain Guillaume Dustan (1965–2005) décrit avec crudité son quotidien de gay séropositif à Paris. Une histoire de survie et une fuite en avant. La sexualité y joue le premier rôle, comme souvent chez lui. Elle est l’espace de liberté et de subversion par excellence. Phénomène médiatique controversé et penseur progressiste, l’écrivain consacré laisse également derrière lui une dizaine de petits films expérimentaux. En partenariat avec le Centre Pompidou, le lieu Treize projette en boucle ces pépites méconnues. L’occasion de mieux cerner l’œuvre de cette icône hors norme, d’éprouver sa solitude et sa mélancolie.
Londres, 1971. Sur les murs d’une galerie, un dessin figure le fondateur du magazine Playboy, vêtu d’un corset et d’oreilles de bunny girl. En deux temps trois mouvements, la police déboule et clôture l’exposition en question : la première de la jeune Margaret Harrison. La censure n’empêchera pas l’artiste britannique de continuer à provoquer. Elle ne cessera de mettre son trait de crayon (faussement sage) au service d’une déconstruction drolatique des archétypes de genre. Chez elle, le super-héros Captain America part sauver le monde en talons hauts et des pin-ups se pavanent sur des bananes géantes ou dans des sandwichs salade-tomate. Le Frac Lorraine consacre (enfin !) une exposition à cette artiste de l’avant-garde féministe. Jubilatoire.
Margaret Harrison. Danser sur les missiles
Du 28 juin 2019 au 6 octobre 2019
Frac Lorraine • 1 Rue des Trinitaires • 57000 Metz
www.fraclorraine.org
Avec Jean-Charles de Quillacq, le corps n’est que tuyaux et orifices. Il prend vie au gré de multiples contaminations. On découvre ainsi dans son exposition des formes oblongues et serpentines, des cordes imbibées de viagra, des tubes en plastiques, des moulages de jambes… Les œuvres jonchent le sol comme les restes d’un corps démantelé. Elles sont oxydées de substances organiques, pharmaceutiques ou industrielles : déodorant, graisses de poisson, encre bleue de BIC, lave-glace, gel douche, urine…. Une ode sensuelle à la porosité du corps et un pied de nez aux processus visant à le contrôler.
Jean-Charles de Quillacq : Ma système reproductive
Du 3 mai 2019 au 13 juillet 2019
Bétonsalon • 9, esplanade Pierre Vidal-Naquet • 75013 Paris
www.betonsalon.net
Les fantômes ont ici troqué leur drap blanc traditionnel contre un vestiaire Décathlon. À la galerie Marian Goodman, la papesse de l’art français Annette Messager dévoile une série de sculptures spectrales et aériennes en doudounes et sacs de couchage. Épinglés, froissés, pliés et repliés, les tissus s’exhibent au mur, formant une horde de chimères. Des mains noir pétrole s’échappent de leurs bourrelets et esquissent des signes plus ou moins cryptiques (on y reconnaît un doigt d’honneur). À qui appartiennent-elles ? Migrants ? Zombies ? Populations marginalisées ? Ce que la société refoule refait ici surface. Une série de sculptures aussi dérangeantes que ludiques. À glacer le sang.
Annette Messager
Du 24 mai 2019 au 19 juillet 2019
Galerie Marian Goodman • 79 Rue du Temple • 75003 Paris
www.mariangoodman.com
Expositions, spectacles, art public, débats… Jusqu’au 1er décembre, la métropole lilloise et la région Hauts-de-France accueillent un ensemble d’évènements autour du thème de l’Eldorado et de la culture mexicaine. Parmi les manifestations proposées, une exposition se penche sur l’art textile politique à travers le regard de deux artistes contemporaines mexicaines. La première, Daniela Edburg, interroge les liens entre territoire et culture, photographiant des échantillons de textiles dans leur environnement d’origine. La seconde, Mónica Iturribarría, expose de poignants mouchoirs brodés qui dénoncent les violences liées au narcotrafic au Mexique. Le textile, toujours moins sage qu’il n’y paraît…
Mexican Contemporary Textile Art
Du 4 mai 2019 au 30 juin 2019
La Manufacture - Roubaix • 29 Avenue Julien Lagache • 59100 Roubaix
lamanufacture-roubaix.com
Son film L’Épouvantail a reçu la Palme d’Or au festival de Cannes en 1973. Panique à Needle Park et Portrait d’une enfant déchue sont, eux aussi, entrés dans la légende. On connait en effet Jerry Schatzberg avant tout pour ses films, mais le New-yorkais fut aussi un grand photographe. Officiant pour Vogue, Newsweek ou encore Esquire, il signa des pochettes d’albums mythiques (comme Blonde on Blonde de Bob Dylan) et tira le portrait de nombreuses célébrités (Fidel Castro, Aretha Franklin, les Rolling Stones, Catherine Deneuve…. ). Le château XVIIe siècle du domaine de Chamarande revient sur cette prolifique carrière photographique.
Jerry Schatzberg. Off Grand Concourse
Du 27 mai 2019 au 1 septembre 2019
Domaine de Chamarande • 38 Rue du Commandant Maurice Arnoux • 91730 Chamarande
chamarande.essonne.fr
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