Luc Soler, fondateur de Visible Patient

Luc Soler, fondateur de Visible Patient

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"L'erreur est humaine" est le dernier adage qu'un patient a envie d'entendre en sortie de bloc opératoire. Reste que, parfois, les maladresses ou les mauvais diagnostics causent des dommages irréversibles. En 2017, quelque 1153 erreurs graves ont été signalées, selon le ministère de la Santé. C'est en partant de ce constat que Luc Soler, informaticien et passionné de médecine, a lancé en 2013 sa start-up Visible Patient, avec pour objectif de créer un modèle 3D du patient sur lequel le chirurgien pourrait s'exercer sans aucune pression.

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Comment ? Grâce aux images récupérées par les scanners ou IRM, la jeune pousse modélise virtuellement les organes du malade. Le praticien dispose ensuite d'un logiciel qu'il peut ouvrir sur tous les supports (ordinateurs, tablette ou smartphone), et définir sa stratégie en amont, évitant toute mauvaise surprise liée à une particularité du patient. En effet, la taille et le profil des organes sont variables d'un individu à l'autre, ce qui laisse une zone d'incertitude pour le chirurgien. "L'algorithme de notre solution va également lui permettre de simuler l'opération, tout en indiquant les possibles conséquences de chacun de ses gestes en temps réel", explique Luc Soler.

Vingt-quatre hôpitaux en France et à l'étranger ont déjà signé un partenariat avec la start-up, et plus de 3000 patients ont déjà bénéficié de cette solution. Le coût de l'analyse s'élève à 650 euros pour le malade, mais trois assurances et une mutuelle, dont le Crédit mutuel ou AG2R, garantissent la prise en charge à 100% de la modélisation 3D. Le fondateur de la société assure que sa technologie va réduire les dépenses des établissements, "puisqu'elles permettent de réagir plus rapidement et avec plus de précision plutôt que de laisser traîner des traitements sur le long terme qui épuisent le malade".

La technologie a ainsi permis d'opérer rapidement un enfant de 5 ans atteint d'un cancer du rein, sans qu'il ait à subir l'épreuve de la dialyse et de la transplantation. Ce qui a également permis à l'hôpital de réaliser une économie de 125 000 euros. À l'étranger, de nombreux pays se montrent intéressés.

Visible Patient

La technologie de la start-up montre les conséquences possibles des actions du chirurgien sur un organe.

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Luc Soler du tac au tac

Vous n'avez jamais rêvé d'opérer vous-même ?

Si, bien sûr, mais j'ai manqué ma première année de médecine à cause de l'épreuve d'orthographe. Je n'ai pas abandonné le secteur pour autant.

Qu'est-ce qui vous a poussé à installer votre entreprise à Strasbourg ?

Depuis la fin des années 90 je travaille sur cette technologie avec l'Institut de recherche contre les cancers de l'appareil digestif à Strasbourg. Une des références majeures dans ce domaine qui compte trois antennes, une à Taïwan et deux au Brésil.

Sur les cancers, votre solution peut calculer le pourcentage d'organe à trancher ?

L'ablation d'une tumeur nécessite souvent que l'on retire une partie de l'organe touché en effet. Si cela peut paraître inquiétant, il faut savoir que le foie par exemple se régénère au bout d'un certain temps.

Votre dernière levée de fonds s'est élevée à 11 millions d'euros : qu'allez vous faire de cet argent ?

Le développement à l'international est l'une de nos priorités. Les États-Unis comme la Chine investissent massivement dans les nouvelles technologies médicales.

Visible Patient en chiffres

20 employés

3000 patients soignés

24 hôpitaux partenaires

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