SCIENCE - Le chanvre est cultivé depuis des millénaires, pour son huile et son textile. Mais depuis quand le cannabis, une version bien particulière et forte en THC, la substance psychoactive de la plante, est-il fumé pour ses effets récréatifs?
Au moins depuis 2.500 ans, selon une nouvelle étude publiée ce mercredi 12 juin dans la revue Science. Une équipe internationale de chercheurs est parvenue à cette conclusion après avoir analysé des objets, similaires à des brûleurs à encens, trouvés dans une tombe à l’ouest de la Chine. C’est la preuve la plus ancienne d’une consommation de cannabis pour ses propriétés psychoactives.
Les auteurs de l’étude ont analysé les composés incrustés sur ces objets, grâce à une technique intitulée “chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse”. Celle-ci permet d’isoler les différents éléments chimiques afin de savoir de quelles substances ils sont composés.

Les chercheurs ont ainsi remarqué que du cannabis avait été brûlé dans ces récipients. Surtout, en poussant l’étude de ces résidus, ils ont découvert que du cannabinol, qui s’obtient quand le THC s’oxyde, était présent en grande quantité.
Les auteurs en concluent que les habitants de cette région, il y a 2500 ans, brûlaient du cannabis à fort taux de THC lors de rituels funéraires afin d’en ressentir les effets (la pipe n’a été introduite que plus tard en Asie). L’analyse du brûleur en bois montre que le cannabis était écrasé à l’aide d’un pilon avant d’être consumé.
Des textes, notamment de l’historien grec Hérodote, évoquent la consommation de cannabis à ces périodes, mais aucune preuve concrète suffisamment solide scientifiquement n’avait encore été trouvée.

L’emplacement de cette tombe est lui aussi intéressant. Le cimetière de Jirzankal, situé dans les montagnes de Pamir, était un passage clé pour le commerce entre l’Europe et l’Asie.
“Ces trajets d’échanges de cette première “Route de la soie” fonctionnaient plus comme les rayons d’une roue de charrette que comme une longue route, plaçant l’Asie centrale au coeur de l’ancien monde”, explique dans un communiqué Robert Spengler, archéobotaniste, auteur principal de l’étude. Il serait donc logique que l’usage récréatif du cannabis se soit ensuite répandu en Asie et en Europe.
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