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Mali : « le cycle infernal de la violence doit être arrêté », déclare l’envoyé de l’ONU

Des enquêteurs de l'ONU accompagnés par des Casques bleus de la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA) rencontrent des villageois dans le village a été attaqué dans le centre du pays en février 2019.
Photo : MINUSMA/Marco Dormino
Des enquêteurs de l'ONU accompagnés par des Casques bleus de la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA) rencontrent des villageois dans le village a été attaqué dans le centre du pays en février 2019.

Mali : « le cycle infernal de la violence doit être arrêté », déclare l’envoyé de l’ONU

Paix et sécurité

Lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation au Mali, l’envoyé de l’ONU dans ce pays a estimé mercredi qu’il fallait arrêter le cycle infernal de la violence si l’on veut que l’espoir d’un retour à la paix se concrétise.

« La lueur d’espoir qui pointe à l’horizon ne pourra se transformer en véritable opportunité sans une accélération dans la maitrise de la situation sécuritaire, notamment au centre » du pays, a déclaré le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali, Mahamat Saleh Annadif, lors de cette réunion du Conseil à laquelle participait le Ministre malien des affaires étrangères, Tiébélé Dramé.

Selon M. Annadif, ce qui s’est passé dans la nuit du dimanche 9 au lundi 10 juin dans le village de Sobanou-Kou dans la région de Mopti rappelle la gravité de la situation, et ceci après les massacres de Koulougon et de Ogossagou, respectivement le 1er janvier et le 23 mars 2019, toujours dans la région de Mopti.

« Le cycle infernal de la violence qui se poursuit doit être arrêté au risque que chacun soit tenté de se faire justice lui-même », a-t-il encore dit, soulignant l’importance de la lutte contre l’impunité.

Il a salué l’affectation d’un Procureur de la République à Mopti ainsi que les récentes arrestations opérées par l’Etat malien. Il a aussi salué le travail d’enquête considérable effectué par la division des droits de l’homme de la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA).

Mahamat Saleh Annadif, le Représentant spécial du Secrétaire général et chef de la MINUSMA, devant le Conseil de sécurité (archives).
Photo : ONU/Manuel Elias
Mahamat Saleh Annadif, le Représentant spécial du Secrétaire général et chef de la MINUSMA, devant le Conseil de sécurité (archives).

 

L’envoyé de l’ONU a noté que le processus de paix au Mali était entré dans une nouvelle phase avec la nomination, le 22 avril 2019, d’un nouveau Premier ministre, Boubou Cissé, et la signature le 2 mai d’un accord de politique de gouvernance entre la majorité et l’opposition démocratique. Cela a été suivi de la formation le 5 mai d’un gouvernement d’ouverture.

« Ce développement qui place la mise en oeuvre de l’Accord (de paix et de réconciliation) comme priorité ouvre également la voie à la création d’un consensus politique plus large autour des réformes politiques et institutionnelles », a estimé M. Annadif. Il s’est également félicité de l’adoption par le gouvernement du projet de loi portant création de la zone de développement du Nord.

« La volonté toujours exprimée par les parties signataires de poursuivre la mise en oeuvre de l’accord offre encore de réelles opportunités pour faire avancer la cause de la paix au Mali dans les six à douze prochains mois, et ce, malgré les retards qui persistent », a-t-il ajouté.

Selon l’envoyé de l’ONU, il faut poursuivre les efforts de bons offices pour renforcer la confiance entre les parties. Il a toutefois déploré le peu de résultats quant à l’inclusion des femmes dans les structures de mise en oeuvre de l’accord de paix et de réconciliation.

Un village traditionnel Dogon dans le centre du Mali (photo d'archives 2013).
Photo: MINUSMA/Sophie Ravier
Un village traditionnel Dogon dans le centre du Mali (photo d'archives 2013).

Appel à réduire les tensions

Trois autres responsables de l’ONU – les Conseillers spéciaux sur la prévention du génocide, Adama Dieng, et sur la responsabilité de protéger, Karen Smith, et la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Virginia Gamba - ont également condamné mercredi, dans un communiqué conjoint, l’attaque « inqualifiable » du 9 juin 2019 contre le village de Sobanou-Kou.

Ils ont déploré le nombre élevé de victimes civiles dans la région de Mopti depuis le début de l’année, notamment dans l’attaque du 1er janvier contre le village de Koulougon, qui a coûté la vie à 39 civils, et l’attaque du 23 mars contre le village d’Ogossagou, dans laquelle au moins 157 personnes ont été tuées.

Ils ont appelé « à des actions immédiates pour réduire les tensions, particulièrement le cycle de violences intercommunautaires et ethniques, comprenant des attaques et représailles qui se déroulent dans le centre du Mali » et ont exhorté le gouvernement malien à ouvrir rapidement une enquête crédible sur les atrocités commises au Mali et à traduire les responsables en justice.

« Il est urgent d’empêcher de nouvelles violences et brutalités et de protéger la population civile contre les violations graves, en particulier les femmes et les enfants qui comptent parmi les plus vulnérables en période de conflit », ont-ils déclaré. « La responsabilité est essentielle dans la recherche de la paix et de la stabilité et les autorités maliennes, avec le soutien de la communauté internationale, doivent intensifier leurs efforts pour remédier à l’insécurité croissante au centre du Mali ».