TÉLÉVISION - Même si la concurrence fait rage dans le monde de l’information, ils réunissent encore près de 17 millions de téléspectateurs chaque soir sur les grandes chaînes. Les images en direct du 11 septembre 2001, une soirée blottie dans le canapé familial, PPDA... vous avez tous au moins un souvenir de Journal Télévisé. C’est l’incontournable, l’institution, l’emblème de la télévision.
Ce jeudi 13 juin, France Télévision fête les 70 ans du 20 heures, et c’est l’occasion de se replonger dans les archives.
Le premier JT, les pires interviews, la première femme sur le plateau, nous vous racontons cinq moments qui ont marqué l’histoire cathodique.
1 - Le très expérimental premier JT
Le premier JT diffusé le 29 juin 1949 à 21 heures sur la RTF, ce n’est pas du tout ce que vous avez l’habitude de voir. Il y a seulement deux sujets, pas de présentateur et des images muettes commentées en direct par un journaliste en cabine, dont une sorte de “j’ai testé pour vous la montgolfière” lunaire. Le ballon heurte une ligne électrique, s’écrase dans un champ et prend feu. “Ce qui est bien, c’est que le cameraman ne lâche jamais la caméra”, soulignera plus tard Pierre Sabbagh, le créateur du JT qui, pour cette première, s’est embarqué lui-même dans le vol raté.
Le résultat est très... expérimental mais certaines recettes gagnantes de la télé sont déjà là comme le journalisme incarné et un certain sensationnalisme. Son audience est évidemment catastrophique. À l’époque, moins d′1% des foyers français sont équipés d’un téléviseur. “Sabbagh disait qu’il y avait plus de techniciens pour fabriquer le JT que de téléspectateurs”, raconte à l’AFP Agnès Chauveau, directrice à l’Ina.
2 - La pire séquence pour l’indépendance du JT
En terme d’indépendance de la presse face au pouvoir politique, on ne peut pas faire pire... Le 20 avril 1963, le ministre de l’Information en personne, Alain Peyrefitte, est invité sur le plateau du 20h pour présenter la nouvelle formule du JT. Sans complexe, il détaille ce projet qu’il a imaginé lui-même. La séquence est restée symbolique de la dépendance de la télé publique à l’égard du gouvernement. Une dépendance dont elle aura bien du mal à se départir, comme on l’explique dans cet article.
3 - C’est Rachid Arhab, il y a un problème?
Pendant près de 40 ans, il n’y aura que des blancs sur les plateaux du JT. Et Jamel Debbouze ne va pas manquer de le faire remarquer lorsqu’il est invité, en 1999, du JT de France 2 présenté par Rachid Arhab, premier présentateur racisé. À la fin de l’interview, il lance une réplique culte: “la prochaine fois, vous pouvez présenter le journal comme ça: ‘Bonjour. Vous êtes bien sur le journal télévisé français de France 2. C’est Rachid Arhab, il y a un problème?’.
Côté parité, il faut attendre 1976 pour qu’une première femme, Hélène Vida, apparaisse à la présentation du 20 heures. Mais il s’agit seulement de remplacer des titulaires hommes en vacances. Les pionnières arrivent quelques années plus tard. En 1981, Christine Ockrent s’installe aux commandes de la grand messe du 20 heures sur Antenne 2 en alternance avec Patrick Poivre d’Arvor. À la même époque, Marie-Laure Augry forme avec Yves Mourousi le duo de présentation du 13H00 de TF1.
4- Le plus gros événement ?
Et les gagnants du record d’audience sont... PPDA et DSK. Si on regarde les chiffres depuis la création de Médiamétrie à la fin des années 80, les deux journaux télévisés les plus suivis sont le dernier JT de PPDA en juillet 2008 sur TF1 et sur la même chaîne, l’interview de DSK en septembre 2011 après son arrestation dans l’affaire Sofitel. 12,5 millions de téléspectateurs ont allumé leur poste pour écouter sa version des faits.
Autre record d’audience: près de 9 téléspectateurs sur 10 étaient devant la télévision, toutes chaînes confondues, le 11 septembre 2001, jour des attentats aux États-Unis.
Mondial 98, couronnement d’Elisabeth II, victoire de Barack Obama... Sur son site, l’Ina liste 23 autres grosses actus des JT qui ont marqué les 70 dernières années. Vous pouvez les (re)regarder et voter pour vos préférées. L’institut dévoilera ce soir les résultats de cette consultation.
5 - Les ratés du JT
Fou rire, sujets lancés qui n’arrivent pas à l’image, lapsus et trous de mémoire... L’histoire des JT est jalonnée de petits et de gros ratés. Parmi le bêtisier de ces 70 dernières années, il y a par exemple cette séquence bien connue entre Albert Dupontel et Laurent Bignolas. Vexé que le présentateur n’ait pas vu son film, le réalisateur du “Vilain” décide de bouder les questions, répond par monosyllabes et finit par quitter l’interview en colère.
Dans la séquence malaise, il y a aussi cette erreur d’invité sur le plateau de Catherine Matausch. Ce n’est pas l’ex-inspecteur Antoine Gaudino comme prévu sur les fiches de la présentatrice qui est assis à ses côtés mais Jacques Floch, député PS, entré par erreur sur le plateau...
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