INSOLITEDes chercheurs de Grenoble vont traverser les Alpes en armure

Grenoble: Des chercheurs vont traverser les Alpes en armure pour les besoins d'une expérimentation scientifique

INSOLITEIl s'agit de revivre et mesurer l'effort de l'armée française de 1515
Les 6 et 7 juillet, des chercheurs grenoblois vont traverser les Alpes en armures de 1515 pour les besoins d'une expérience scientifique. Crédit : megapixailes.com
Les 6 et 7 juillet, des chercheurs grenoblois vont traverser les Alpes en armures de 1515 pour les besoins d'une expérience scientifique. Crédit : megapixailes.com  - Thierry Morturier/UGA
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • Au mois de juillet, quatre chercheurs de Grenoble vont traverser les Alpes et franchir la frontière italienne en armures !
  • Ils mèneront ainsi une expérience scientifique pour mesure les efforts fournis par les soldats de l’armée de 1515, un mois avant qu’ils ne remportent la bataille de Marignan.
  • Un défi qui a demandé une sacrée préparation.

Mille quenouilles, tremblez fripouilles ! Le 6 juillet, 4 chercheurs de Grenoble, vêtus d’une armure, vont s’élancer de la commune de Maljasset dans les Alpes-de-Haute-Provence afin de traverser les Alpes et franchir la frontière italienne. Un périple de deux jours qui les mènera jusqu’à 2.641 mètres d’altitude et au cours duquel ils seront accompagnés de toute une caravane. Si le projet peut sembler un peu foufou, il entend répondre aux besoins d’une étude scientifique des plus sérieuses : revivre et mesurer l’effort de l’Armée française de 1515 juste avant qu’elle ne remporte la bataille de Marignan.

C’est Stéphane Gal, enseignant-chercheur de l’Université de Grenoble-Alpes, historien, qui en a eu l’idée après avoir lu une lettre d’époque de François Ier adressée à sa mère. Un courrier dans lequel le jeune roi faisait part de ses difficultés, fortement fâché « de porter le harnois parmi ces montagnes ».

« Aller au-delà des mots et des images »

« C’était un passage étonnant », raconte l’historien qui a souhaité « aller au-delà des mots et des images ». « Je désirais vérifier si les cols empruntés étaient praticables aux chevaux et j’avais envie de vivre les choses pour mieux comprendre ce que les soldats ont pu ressentir à 2.000 mètres d’altitude dans des tenues totalement inadaptées pour la montagne, poursuit-il. Si cela n’est pas compliqué pour nous de marcher en montagne, il faut savoir qu’il s’agissait d’un environnement exotique pour eux. C’est un univers totalement inconnu qu’ils découvraient ».

A l’époque, François Ier ambitionne de reprendre des territoires italiens, estimant qu’ils lui appartiennent, et embarquent avec lui 40.000 hommes à pied et à cheval. Protégés de la tête aux orteils, certains portent plus de 30 kilos sur le corps, sans oublier les armes. Les soldats suisses ne sont postés qu’à une vingtaine de kilomètres. Craignant à tout moment une embuscade, le roi demande à ses hommes de garder le harnois pour se protéger si l’ennemi attaquait.

Sept mois à porter l’armure

Pour les besoins de l’expérimentation, Stéphane Gal a fait appel à un artisan de l’Ariège, qui a confectionné les quatre armures sur mesure, chiffrées à 10.000 euros pièce (et financées aux trois quarts par un mécène australien). Une armure qu’il s’entraîne à porter « chaque semaine depuis sept mois ». « Il faut que le corps se l’approprie et en épouse la forme, que l’on repère les zones où ça frotte ou pince la peau par exemple afin de faire des ajustements. D’ailleurs au bout d’un certain temps, on s’habitue. C’est même confortable », sourit l’historien, qui a suivi une préparation physique avec un ami, ancien athlète handisport de haut niveau.

Si les cavaliers qui l’accompagneront ont repris des cours d’équitation, lui est allé randonner avec son amure. Des passages qui ne sont pas passés inaperçus. « Plusieurs fois, on m’a demandé s’il s’agissait d’un enterrement de vie de garçon, confesse-t-il en rigolant. Mais cela a surtout été l’occasion de présenter notre projet et de renvoyer sur notre blog ».

Aucun détail n’a été oublié. Pas même la nourriture et les rations de chaque repas, calquées sur celles de 1515. « Nous emporterons avec nous du pain, du fromage et de la viande séchée », dévoile Stéphane Gal sans préciser si les soldats auront le droit d’emmener une gourde de vin pour festoyer le soir à la bergerie où ils dormiront.

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