Amnesty International : "Il y a une volonté de faire taire toute dissidence en Iran"

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Amnesty International : "Il y a une volonté de faire taire toute dissidence en Iran"

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Manifestants d'Amnesty International pour la libération de Nasrin Sotoudeh à La Hague, le 31 mai 2019
Manifestants d'Amnesty International pour la libération de Nasrin Sotoudeh à La Hague, le 31 mai 2019
© AFP - Robin UTRECHT / ANP

À l'occasion de la première année de détention de l'avocate et militante iranienne Nasrin Sotoudeh, Amnesty International remet ce jeudi une pétition pour exiger sa libération à plusieurs ambassades iraniennes à travers le monde. À Paris, un rassemblement est prévu ce soir aux abords de l'ambassade.

FRANCE INTER : Amnesty International a lancé une pétition pour exiger la libération de Nasrin Sotoudeh.  Combien de signatures avez-vous recueilli ?

CÉCILE COUDRIOU : "Nous sommes arrivés à 1,3 million de signatures à l'échelle mondiale. C'est bien la preuve qu'il y a encore des personnes qui ont une capacité d'indignation et qui ont envie de montrer leur soutien à quelqu'un qui n'a fait que défendre les droits humains et notamment le droit des femmes qui ne veulent plus qu'on leur impose le port du voile dans l'espace public. Aujourd'hui, nous allons interpeller les autorités iraniennes en organisant un rassemblement devant l'ambassade d'Iran avec la diaspora iranienne, des associations féministes, et des personnalités pour montrer que nous n'oublions pas Nasrin Sotoudeh et que nous voulons obtenir à tout prix sa libération inconditionnelle et immédiate."

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Nasrin Sotoudeh a été condamnée à 33 ans de prison au total sous sept chefs d'inculpation (dont incitation à la corruption et à la prostitution). C'est la condamnation la plus sévère qu'Amnesty International ait recensée contre un défenseur des droits humains en Iran. Comment l'expliquez-vous ?

"Ce sont des charges absolument grotesques. On cherche à taxer les défenseurs des droits d'activités terroristes, d'être contre leur pays... La dissidence est devenue intolérable pour ce gouvernement.  Additionner des peines a pour but de faire un exemple, d'autant que Nasrin Sotoudeh est connue et reconnue.  Tout a été fait pour la faire taire, ainsi que son mari qui a été condamné à cinq ans de prison. Il a été libéré sous caution mais reste étroitement surveillé. C'est bien la preuve qu'il y a un durcissement du régime iranien et une volonté de faire taire toute dissidence."

La diplomatie prend-elle suffisamment le cas de Nasrin Sotoudeh au sérieux ?   

"À la remise du Prix Simone Veil le 8 mars dernier, le président Emmanuel Macron l'a publiquement mentionnée. Il y a une diplomatie un peu plus vigoureuse que ce que l'on peut parfois entendre. Cela va dans le même sens que ce qu'a pu faire l'Union Européenne et le Parlement européen. Il y a quand même des signaux qui montrent que l'on peut espérer une véritable mobilisation internationale qui s'ajoute à celle d'ONG comme Amnesty  ou à celle des avocats. Donc, on peut espérer faire bouger les choses et réussir à obtenir sa libération."

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