Malgré ce qui a été dit, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) n'a pas reconnu le burn out comme maladie professionnelle mais elle le considère désormais comme un "phénomène lié au travail". Sa reconnaissance pourrait pourtant alléger le parcours des victimes. Surtout, sa prise en charge pourrait peser en majorité sur une branche de la Sécurité sociale largement financée par les employeurs, et non plus sur les collectivités, comme c'est le cas aujourd'hui. 

"Le burn-out reconnu comme maladie professionnelle". Voilà les titres de presse qu’on pouvait lire le 25 mai, date à laquelle l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié un communiqué annonçant que le burn out, traditionnellement traduit par "épuisement professionnel", avait fait son entrée dans la Classification internationale des maladies. Même Benoit Hamon y a cru qualifiant, dans un tweet, cette nouvelle de "tournant majeur".



 Des conclusions hâtives
Mais c’était aller trop vite en besogne. Le lendemain, un porte-parole de l’OMS a finalement remis les points sur les i. Le burn out "n’est pas classé parmi les maladies" mais "comme un syndrome résultant de stress chronique au travail qui n’a pas été géré avec succès". En réalité, comme le note l’AFP, le burn out est passé de la catégorie "facteur influençant l’état de santé" à celle de "phénomène lié au travail" mais sans entrer dans la liste des "maladies". Et cela change tout.
Actuellement, la démarche se fait au cas par cas. Un salarié en burn out peut être indemnisé par l’Assurance maladie et donc par la collectivité. Pour cela, "il doit lui-même prouver que son trouble est directement lié au travail et présenter une incapacité permanente partielle (IPP) d’au moins 25 %, un taux très important", explique la psychologie Marie Pezé"Aujourd’hui, faire reconnaître les effets du burn-out en maladie professionnelle relève du parcours du combattant". La stratégie est donc de cocher la case accident du travail, par défaut.
L’exécutif pas favorable à sa reconnaissance
Or, si l’OMS reconnaissait le burn out en tant que maladie professionnelle, ce serait à la branche "Risques professionnelles" de la Sécurité sociale de prendre en charge les indemnités, une branche quasi exclusivement financée par les employeurs. C’est pourquoi en février 2018 plusieurs députés avaient fait une proposition de loi pour faire reconnaître comme maladies professionnelles les pathologies psychiques résultant de l’épuisement au travail (dépression, stress post-traumatique, anxiété généralisée) mais leur proposition a été rejetée.
Et l’exécutif n’y semble pas du tout favorable. Interviewée sur France Inter, Muriel Pénicaud, ministre du Travail a estimé que le burn out n’était "pas une maladie professionnelle au sens strict, il y a cumul avec la vie personnelle et quand on arrive au désespoir il n’y a plus rien pour vous raccrocher. La définition n’est pas médicalement prouvée. De toute façon, on est obligé de suivre l’OMS", a-t-elle avancé.
Marina Fabre, @fabre_marina

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