Iran : Nasrin Sotoudeh, une icône des droits des femmes en prison

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Iran : Nasrin Sotoudeh, une icône des droits des femmes en prison

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Nasrin Sotoudeh dans son bureau à Téhéran en mars 2018
Nasrin Sotoudeh dans son bureau à Téhéran en mars 2018
© Radio France - Valérie Crova

Un an que l'avocate iranienne Nasrin Sotoudeh est détenue à Téhéran. Cette militante pour le droit des femmes à ne pas porter le voile, a été condamnée en mars dernier à 33 ans de prison. À l'occasion de sa première année de détention, Amnesty International remettra ce jeudi une pétition pour exiger sa libération.

C'était en mars 2018, deux mois avant son arrestation. Nasrin Sotoudeh recevait encore des journalistes dans son bureau à Téhéran, dont Radio France. À l'époque, cette icône de la société civile iranienne représentait trois jeunes femmes qui avaient osé braver l'interdiction d'enlever leur foulard en public dans les rues de Téhéran.

Celui qui a pu imposer aux femmes un mètre de tissu est capable de tout contre les femmes. C'est une question qui concerne les femmes. C'est aux femmes d'en décider et pas aux hommes.

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Ses paroles courageuses ont fait d'elle la porte-voix de ce mouvement qui a été rapidement réprimé par le régime des Mollahs. Pour défendre les jeunes iraniennes qui sont apparues tête nue sur les réseaux sociaux, Nasrin Soutoudeh, brillante avocate, mettait en avant des arguments juridiques imparables : "Le voile obligatoire n'existe pas dans la Constitution iranienne. Une partie des femmes qui ont voté il y a 40 ans pour cette Constitution étaient non-voilées. À l'époque, le voile n'était pas obligatoire. Si le code pénal islamique oblige au port du voile, cela va à l'encontre de la liberté de l'individu, donc ce n'est pas légal."

Dans son bureau à Téhéran, des dessins que des enfants ont envoyé à Nasrin Sotoudeh quand elle avait été emprisonnée en 2010.
Dans son bureau à Téhéran, des dessins que des enfants ont envoyé à Nasrin Sotoudeh quand elle avait été emprisonnée en 2010.
© Radio France - Valérie Crova

Sur une étagère, à coté de son bureau aujourd'hui vide, Nasrin Sotoudeh a mis en évidence une balance, symbole de la justice à laquelle elle est si attachée. Elle a fait aussi encadrer des dessins que des enfants lui avaient envoyé quand elle avait été emprisonnée en 2010 pour avoir défendu des opposants à l'ancien président Mahmoud Ahmadinejad, arrêtés lors des manifestations de 2009.

Incarcérations, visites interdites, grève de la faim...

Car ce petit bout de femme a déjà passé trois ans dans cette même prison pour femmes d'Evin, où elle est incarcérée aujourd'hui. Quand ses geôliers lui avaient demandé de porter le voile dans l'enceinte de la prison, elle avait refusé. Pour la punir, on lui avait interdit de voir ses deux enfants.

En réaction, elle avait observé une grève de la faim pendant sept semaines. Nasrin Sotoudeh a tenu bon et n'a pas plié, fidèle à ses principes et à ses valeurs.

Nasrin Sotoudeh se savait surveillée par les autorités mais elle assumait les risques inhérents à son engagement, et remerciait ses interlocuteurs de s'intéresser au sort des femmes iraniennes. "Tout comme vous, je sais que le chemin vers la démocratie est long et difficile", avait-elle écrit dans une lettre écrite en 2012 au moment de la remise du prix Sakharov. Une lettre lue par sa collègue et mentor, la première femme juge iranienne Shirin Ebadi, qui vit aujourd'hui en exil. Dans l'impossibilité de quitter le territoire iranien, Nasrin Sotoudeh n'avait quant à elle pas pu se rendre à Strasbourg pour recevoir son Prix.

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