Marine Le Pen sur le plateau de l'Emission politique de France 2 à Saint-Cloud dans les Hauts-de-Seine, le 22 mai 2019

Marine Le Pen sur le plateau de l'Emission politique de France 2 à Saint-Cloud dans les Hauts-de-Seine, le 22 mai 2019

afp.com/Lionel BONAVENTURE

De nouveaux éléments viennent accabler le Rassemblement national (ex-Front national) dans l'affaire des assistants parlementaires rémunérés par l'Union européenne.

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Saisis fin 2016, les juges d'instruction soupçonnent le Rassemblement national et ses dirigeants d'avoir "de manière concertée et délibérée" mis en place un "système de détournement" des enveloppes allouées par l'Union européenne à chaque député pour rémunérer des collaborateurs parlementaires (21 000 euros mensuels), afin de permettre au parti de faire des économies sur ses salaires. Le Monde, qui publie des SMS et e-mails ce vendredi, affirme que de ces échanges viennent confirmer les soupçons des enquêteurs.

"Je n'ai aucune 'preuve de travail'"

Le journal met par exemple en avant un SMS envoyé par Mickaël Ehrminger, l'ancien assistant parlementaire de Florian Philippot. Dans son message, il s'inquiète que "le PE [Parlement européen] vérifi[e] de plus en plus l'activité des assistants européens. C'est vrai ? Si c'est le cas je suis dans la merde, je n'ai aucune 'preuve de travail' [...] Je ne rédige aucune note européenne pour Flo, je n'ai pas accès à ses mails européens."

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Le quotidien évoque aussi Julien Odoul, embauché début octobre 2014 comme assistant parlementaire de Mylène Troszczynski. Ce dernier n'aurait pas rencontré l'eurodéputée frontiste avant le 10 février 2015. En atteste l'e-mail qu'il envoie à cette date à Marine Le Pen : "Serait-il possible que je vienne à Strasbourg demain pour voir comment se déroule une session au PE, rencontrer députés et assistants et faire la connaissance de Mylène Troszczynski à qui je suis rattaché ?" Les enquêteurs déduisent de plusieurs documents découverts à son domicile que Julien Odoul avait en réalité été recruté pour renforcer le cabinet de Marine Le Pen elle-même, affirme aussi Le Monde.

"On va se faire allumer"

Un e-mail envoyé par Jean-Luc Schaffhauser (eurodéputé RN) à Wallerand de Saint Just, le trésorier du parti, est également pointé du doigt. Il écrit : "Ce que Marine nous demande équivaut qu'on signe pour des emplois fictifs... et c'est le député qui est responsable pénalement sur ses deniers même si le parti en est bénéficiaire... Je comprends les raisons de Marine mais on va se faire allumer car on regardera, c'est sûr, nos utilisations à la loupe avec un groupe si important. Je n'ai pas prévenu les autres du cadre légal car je créerais encore plus le bordel..." Ce à quoi Wallerand de Saint Just a répondu : "Je crois bien que Marine sait tout cela..."

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Les enquêteurs affirmaient dès 2016 que "l'étude des documents découverts dans le bureau de Wallerand de Saint Just [...] faisait ressortir la mise en place d'un système frauduleux, impliquant plusieurs cadres du FN. Il apparaissait que, depuis 2012, le FN avait pour leitmotiv, par l'intermédiaire de ses cadres et sur avis de sa présidente, la volonté de réaliser des économies grâce aux financements du PE."

Un préjudice évalué à 6,8 millions d'euros

Le préjudice de ce "système frauduleux" est évalué par le Parlement européen à 6,8 millions d'euros entre 2009 et 2017, sur deux mandatures, mais les investigations qui visent les cas de 17 députés portent sur des faits remontant jusqu'à 2004.

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L'enquête est vivement contestée par le parti d'extrême droite et sa présidente dénonce régulièrement une instrumentalisation de la justice à des fins politiques.

À la mi-mars, les juges avaient mis en examen 19 personnes dont Marine Le Pen, Wallerand de Saint-Just et Louis Aliot ainsi que le parti pour "détournement de fonds publics" ou complicité. L'information judiciaire est également ouverte pour "escroquerie en bande organisée", ce qui rend envisageable une nouvelle aggravation des poursuites judiciaires.

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