Depuis quelques mois aux Etats-Unis, le droit à l’avortement est menacé. Le 14 mai dernier, le Sénat d’Alabama a adopté un projet de loi  polémique  sur l’IVG : il s’agit d’une interdiction totale de l’avortement, même dans des cas de viol ou d’inceste. L’Etat du Missouri, quant à lui, a adopté une loi interdisant aux femmes d’avorter après la huitième semaine de grossesse. Mais ce n’est pas tout. Cet Etat américain a également failli devenir le premier à ne plus pratiquer d’IVG depuis 1973. L’unique clinique permettant aux femmes d’avorter, à Saint-Louis, a été la cible d’une offensive des autorités locales. Un recours en justice a permis d’éviter le pire. Le combat est pourtant loin d’être fini. L’Etat du Missouri n’a pas dit son dernier mot et semble déterminé à tout mettre en place pour dissuader les femmes d’avoir recours à l’avortement. Dernière mesure mise en place : un examen gynécologique. Après avoir passé un examen psychologique, les femmes souhaitant avorter sont obligées de s’y soumettre.

Un examen gynécologique jugé « invasif » et « inutile » par le corps médical

Une aberration pour le Collège américain des obstétriciens et gynécologues qui affirme que cet examen gynécologique n’a aucune utilité médicale. Dans les colonnes du site d’information féminin « The Cut », Colleen McNicholas, une obstétricienne gynécologue exerçant à la clinique de Saint-Louis, fustige cette nouvelle procédure « traumatisante pour la patiente comme pour le médecin ». « L’insertion des doigts et d’instruments dans le vagin d’une patiente sous couvert de consentement informé ne nous procure aucune information utile pour aider les patientes à faire un choix informé quant à l’interruption de leur grossesse », ajoute-t-elle. Sur Twitter, la gynécologue Amy Addant est allée dans le sens de Colleen McNicholas en racontant sa propre expérience. « Aujourd’hui, j’ai été forcée par l’Etat du Missouri de réaliser un examen gynécologique inutile sur une patiente venue arrêter sa grossesse suite à une anomalie fœtale. Elle avait le cœur brisé et j’ai été forcée de pratiquer cet examen invasif et gênant pour elle. Ça m’a brisée en tant que médecin de devoir faire ça », a-t-elle écrit.

Pour Colleen McNicholas, l’Etat du Missouri force les gynécologues à devenir « complices d’une agression sexuelle ». Après l’examen gynécologique, les femmes souhaitant avoir recours à l’IVG doivent attendre 72h pour avorter. Face à la gravité de la situation aux Etats-Unis, la prise de parole du corps médical est plus que jamais nécessaire.