Tribune

En soutien au journaliste Taha Bouhafs

Communiqué commun d'une vingtaine de sociétés de journalistes et de rédacteurs, dont celle de «Libération», après l'interpellation du journaliste de Là-bas si j'y suis, qui a porté plainte pour violences, et dont le téléphone a été confisqué.
par un collectif de sociétés de journalistes et rédacteurs
publié le 14 juin 2019 à 16h33

Le journaliste Taha Bouhafs a été interpellé le 11 juin alors qu’il réalisait un reportage sur une manifestation de soutien à des travailleurs sans papiers dans un centre Chronopost à Alfortville (Val-de-Marne), pour le site d’information Là-bas si j’y suis.

Selon une source policière citée par l'AFP, les forces de l'ordre ont dû intervenir pour empêcher des manifestants de s'introduire dans l'entreprise. C'est à ce moment-là que le journaliste Taha Bouhafs a été interpellé, alors même, dit-il, qu'il avait mentionné son statut de journaliste. Il a ensuite été placé en garde à vue. A l'issue de cette dernière, le 12 juin, il s'est vu remettre une convocation au tribunal de Créteil pour être jugé le 25 février 2020 pour «outrage et rébellion sur une personne dépositaire de l'autorité publique».

Le reporter explique avoir été, durant son interpellation, violenté à de multiples reprises par la police. Dans une vidéo, on l'entend se plaindre d'avoir l'épaule déboîtée. Il s'est vu prescrire 10 jours d'ITT (incapacité totale de travail) et trois semaines d'arrêt. L'avocat de Taha Bouhafs, Me Arié Alimi, a annoncé avoir déposé plainte pour «violences par une personne dépositaire de l'autorité publique». Le site Là-bas si j'y suis, qui emploie le reporter, a également dénoncé une «interpellation abusive».

Par ailleurs, les policiers ont saisi son téléphone, sur lequel sont disponibles les images de son arrestation. Confisquer ce qui constitue son principal outil de travail équivaut à l’empêcher d’exercer sa profession en le privant d’accès à ses échanges, à ses images, à ses communications et à ses contacts.

Les sociétés de journalistes et de rédacteurs signataires du présent texte dénoncent une nouvelle atteinte à la liberté de la presse, mais aussi au secret des sources, pierre angulaire de notre profession. Les journalistes ne peuvent tolérer d’être régulièrement pris pour cibles par les forces de l’ordre dans le cadre de l’exercice de leur métier.

Signataires :

Les sociétés des journalistes, des rédacteurs et/ou des personnels de l'AFP, Arte, BFM TV, Courrier internationalles Echosl'Express, France Culture, Franceinfo.fr, France 24, l'Humanité, le JDDLibération, le Média, Mediapart, le Monde, l'Obs, Paris MatchSud OuestTélérama, TV5 Monde et les rédactions des Jours et de Reporterre.

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